10 points à contrôler lors de l’achat d’un VTT en occasion
Comme je l’ai écrit dans mon article précédent sur l’achat de vélo d’occasion, cette voie peut permettre de faire des économies substantielles, pour peu que l’on sache éviter les mauvais plans. Voici 10 points à contrôler absolument pour mettre toutes les chances de votre côté, éviter les arnaques, et repartir avec un VTT qui vous permettra de prendre votre pied pendant très longtemps.
Etat général
Primordial, l’état général du vélo va vous permettre de vous faire une idée sur l’entretien effectué par son propriétaire, ce qui en dit long sur son état de santé. Fuyez donc les VTT boueux, rouillés, ou qui ont souffert de leur stockage en extérieur. Comme nous allons le voir par la suite, il est facile de remédier à de nombreux petits problèmes sur différents éléments du vélo, mais leur existance même est souvent le signe d’un entretien défaillant.
Cadre
C’est la pièce principale à examiner, à la recherche de fissures. Examinez particulièrement les points de soudure si c’est un cadre alu, acier ou titane. Les zones les plus à risque sont le boitier de pédalier, les bases, le tube de direction et le top tube au niveau de la soudure avec le tube de selle. Dans certains cas il est aussi possible que ce soit la peinture qui se craquelle, mais sans le bon coup d’oeil pour être sûr que ce n’est pas le cadre en lui-même qui est impacté, mieux vaut rester prudent.
Les traces de chocs sont également à relever. Un VTT, ça mange régulièrement la poussière, donc pas d’inquiétude si vous repérez des traces de frottement et autres rayures, purement esthétiques. Par contre, des traces d’impact, notamment sur un cadre carbone, peuvent l’affaiblir et être la sources de fissures.
Attention aux autocollants suspicieux et autres adhésifs qui pourraient dissimuler un impact ou une fissure. Si en revanche les bases et haubans sont protégés par un film protecteur, du scotch électrique ou autre, c’est un signe positif du soin apporté par son propriétaire pour se prémunir des dommages causés par la chaine. Avant l’achat je vous conseille néanmoins de demander à enlever les protections si elles sont “maison”, pour vous s’assurer qu’elles n’ont pas été apposées pour couvrir des dommages existants.
Dans tous les cas, si le cadre est fissuré, et même si la fissure semble minime, passez votre chemin.
Suspensions
Les plongeurs sont à inspecter en premier lieu. Ils doivent être comme neufs. Des plongeurs rayés sont à fuir : on va vite se retrouver avec plus d’huile en dehors que dans la fourche, et les remplacer coûte une bonne partie du prix de cette dernière. De même, si la fourche ou l’amortisseur perd visiblement de l’huile au niveau des joints, ils seront à remplacer. Il est par contre normal d’avoir un très léger anneau d’huile qui se forme sur les plongeurs.
Pomper 3-4 fois permet d’avoir un premier ressenti de la fluidité des suspensions. Si le frottement à l’enfoncement des plongeurs est important, les joints racleurs peuvent être à changer. Ne pas hésiter à poser des questions sur l’entretien de la fourche et de l’amortisseur, notamment la fréquence des vidanges.
Vérifiez également qu’il n’y a pas de jeu dans la fourche. Idem au niveau des points d’ancrage de l’amortisseur, ce qui pourrait signaler le besoin de changer les bagues. Enfin, il ne doit pas y avoir de jeu au niveau des roulements du cadre lorsque vous exercez une force latérale, sur le triangle arrière par exemple. Si c’est le cas, les roulements sont sans doute à remplacer.
Transmission
Une chaine rouillée ou très sale démontre un manque d’entretien évident du vélo. Plus que la chaine en elle-même, qui est un élément d’usure à remplacer régulièrement pour une modique somme, son mauvais état est un énorme avertissement quant à l’état général du VTT.
Si vous en possédez un, prenez avec vous un indicateur d’usure de chaine et utilisez le. Si la chaine est dans les normes, c’est tout bon. Si elle est largement au dessus et que lors de vos quelques tours de parking il n’y a pas de saut de chaine, c’est très mauvais signe. La chaine n’a peut être jamais été changée, entrainant l’usure de la cassette, et éventuellement des plateaux, qui ont pris le pas et ne supporteront pas une chaine neuve, imposant le remplacement complet de ces différents composants. Des pignons et plateaux dont les dents sont en aileron de requin sont un signe évident de cette usure avancée.
Vérifiez pendant que vous y êtes que la chape du dérailleur est droite. Des vitesses bien indexées (qui passent bien) sont un signe allant dans la bonne direction. Dans le cas contraire, rien de catastrophique, il est assez facile d’y remédier, mais l’on peut s’interroger sur les compétences mécaniques du propriétaire précédent et donc de l’entretien effectué.
De plus en plus de VTT sont équipés d’une transmission mono-plateau. Assurez vous que ce dernier comporte le nombre de dents qui correspond à votre pratique et vos capacités physiques, sous peine de devoir le changer pour plus grand ou plus petit.
Roues et pneus
Faire tourner les roues pour vérifier leur alignement par rapport à la fourche pour la roue avant et les haubans pour la roue arrière, ce qui vous permettra de mettre au jour une roue voilée. Examinez aussi l’état des jantes sur leur circonférence : si elles sont bosselées, qu’il y a un plat, il sera compliqué de monter un pneu en tubeless dessus. Appliquez un peu de force latéralement sur les roues pour vous assurer que les roulements n’ont pas de jeu.
L’état des pneus a peu d’importance, si leur usure est avancée il faut juste penser que leur changement sera à effectuer assez rapidement, entraînant un surcoût.
Freins
Vous pouvez très vite vous rendre compte de l’état des disques ou rotors en faisant tourner les roues, et en jetant un coup d’œil dans l’étrier le cas échéant. Pas de panique si ça frotte un peu : il est difficile de conserver un rotor 100% droit. Par contre si le rotor est visiblement tordu, le dévoiler peut s’avérer compliqué.
Actionnez les leviers : le ressenti est différent selon les marques et les modèles, mais ils ne doivent pas arriver jusqu’au cintre ou avoir un ressenti spongieux. Si c’est le cas, une purge sera nécessaire.
Tige de selle télescopique
La fiabilité des tiges de selle télescopiques étant parfois aléatoire par rapport à leur prix, un coup d’œil à l’état de celle qui équipe le VTT que vous convoitez (s’il en est équipé) ne fait pas de mal. La Reverb de Rockshox a plutôt mauvaise réputation au niveau fiabilité, et je fais parti des nombreux pratiquants qui ont vu la leur décrépir après deux ans de bons et loyaux services. Vérifiez donc qu’elle ne s’affaisse pas quand vous êtes sur le vélo, ou qu’elle ne remonte pas légèrement quand vous tirez sur la selle en position basse. Si c’est le cas, il est déjà trop tard. Sinon, c’est un peu la roulette russe…
Mis à part ça, assurez vous que le système fonctionne bien en blocage comme en extension, et qu’il n’y a pas de jeu latéral excessif lorsque vous tentez de faire pivoter la selle.
Vérifiez également que la tige de selle n’est pas prise dans le tube de selle en desserrant le collier et en la faisant pivoter.
Taille
Ca semble évident, acheter un vélo avec un cadre à la bonne taille est primordial. Mais toutes les marques et modèles ne taillent pas pareil, donc les quelques tours de roue que vous allez pouvoir effectuer lors de votre visite peuvent confirmer ou infirmer votre choix. Cela dit, ça reste un essai rapide, qui vous permettra de retrouver (ou pas) vos repères si vous possédiez déjà une monture. Si c’est votre premier, il sera difficile de vous faire une idée du confort de votre position lors de longues sorties uniquement grâce à ces quelques coups de pédales.
Puisque l’on parle de taille, un pivot de fourche coupé au plus court peut vous empêcher d’ajuster la hauteur du cintre pour adapter le vélo à votre morphologie. Un pivot long avec plusieurs entretoises permet à l’inverse plus de souplesse dans ce réglage. Il est cependant toujours possible de modifier la position de vos mains avec un cintre plus ou moins relevé.
Eviter de se retrouver avec un vélo volé
Malheureusement, c’est compliqué, et on n’est jamais à l’abris de se faire piéger.
La première chose à faire c’est de poser un maximum de question (sur le ton de la discussion, ce n’est pas non plus un interrogatoire !) et d’évaluer les connaissances du vendeur sur le vélo. Comportement de la bête, problèmes techniques éventuels, réglages : si le vendeur vous propose un VTT à 4k€ mais qu’il ne sait pas quelle pression il met dans sa fourche ou ses pneus, il y a anguille sous roche.
Attention également aux offres qui semblent trop alléchantes (prix très bas) ou aux plans foireux (le vendeur qui propose le vélo du frère de l’ami d’un cousin).
Essayez de situer le numéro de série du vélo. En général situé dans la zone du boitier de pédalier, ça peut être une étiquette collée sous le vernis, en bas du tube de selle, ou un numéro de cadre gravé sous le boitier de pédalier. Pas de panique si vous ne le trouvez pas, en revanche si le dessous du boitier de pédalier est limé, enfuyez-vous à grandes enjambées.
Enfin, un petit tour sur les forums VTT peut s’avérer utile. Vélovert par exemple a un thread dédié aux vélos volés, qui permet aux victimes de vols de poster des infos sur leur monture.
Le mot de la fin
Il faut donc rester vigilant lors de l’achat d’occasion. Cela dit, après avoir vérifié les 10 points énumérés ci-dessus, vous aurez éliminé 95% des risques. Si tout vous semble correct, faites vous plaisir et foncez !
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