Rando VTT dans le Chambeyron en Ubaye
Départ incertain
Dimanche 12 Juin 2016. Après trois heures de route depuis Grenoble la veille, une ballade de quelques heures le samedi pour se mettre en jambes, un barbeque sur une grille à la propreté douteuse et une nuit sous tente à St-Paul-sur-Ubaye par 5°C avec en fond sonore la rivière voisine et un réveil express par un escadron à plumes de bon matin, nous voilà prêts pour l’objectif du jour : la tête de la Fréma.
Enfin, si les conditions épouvantables de ce début d’été le permettent. Depuis une semaine, chacun scrute anxieusement les prévisions météo au taux record d’un rafraichissement de page toutes les 2.83 secondes. Finalement, la chance nous sourit, car contre toute attente il fait beau. En revanche, les conditions neigeuses au dessus de 2500m restent incertaines.
La chance a en fait tourné pendant la nuit : la batterie d’une des voitures est à plat, ce qui est plutôt embêtant pour son propriétaire, Romain, qui doit repartir en région parisienne après cette escapade alpine. Pas grave, Ben a des câbles, et quelques instants plus tard ils sont branchés entre deux voitures pour faire redémarrer la première. Ah, elle s’est mise en sécurité. C’est dommage.
Après lecture du manuel, appel de l’assistance, saut sur St Paul pour trouver de la 3G et chercher des infos sur le net, Romain décide finalement de profiter de la journée et régler le problème à son retour, l’aspect dominical de la journée n’aidant en rien pour se faire dépanner.
Montée en mode plaisir
La matinée étant bien avancée, on décide donc de monter les vélos à Fouillouse plutôt que la rejoindre par la route à la force des mollets comme initialement prévu. Deux navettes plus tard, nous voilà juste en dessous de 1900m, prêts à prendre le départ : le vrai, celui où il faut commencer à pédaler.
On prend le GR5 qui nous fait traverser le petit patelin puis longer le Riou de Fouillouse, avec notre objectif en ligne de mire. Pour l’instant rien de bien méchant, le chemin est large, accessible, et on traverse les alpages à bonne allure. On réussit quand même à prendre un mauvais chemin, ce qui nous mène à la première session de poussage de la journée pour récupérer le bon, plus haut, sans revenir sur nos pas.
A partir de là ça monte déjà un peu plus, et au fil des minutes on ajoute de plus en plus de sessions de poussage entre celles de pédalage. Après un premier arrêt pour reprendre des forces, on arrive sur un nouvel alpage qui nous laisse apprécier les rochers de St-Ours sur notre droite, et le Brec de Chambeyron sur notre gauche.
Il y a aussi un vieux bunker dont nous n’avons malheureusement pas les clés, parce qu’il doit y faire bien frais. Après recherche, il s’avère qu’il s’agit de l’ouvrage de St-Ours (dont le nom n’a apparement pas été bien difficile à trouver), fortification faisant partie de la ligne Maginot, maintenant reconvertie en station sismique.
On prend à gauche sur le GR de pays, puis la grosse partie de l’ascension commence, et le portage se fait de plus en plus indispensable. Nous progressons tranquillement, le but étant avant tout de se faire plaisir et être en forme pour la descente. Plus l’on monte, plus la neige semble proche, jusqu’à atteindre les premiers névés vers 2500m.
Une dernière pause nous permet de jeter un ultime coup d’oeil à ce versant. Les alpages sont déjà loins, nous sommes entrés de plein pied dans la sortie montagne. On se remet rapidemment en marche pour ne pas se refroidir. Renaud est en forme et ouvre la voie, ce qui lui permet de faire régulièrement des photos du groupe.
Puis l’on arrive à la dernière montée avant le pas de la Couletta. Un chamois descend sur notre gauche dans un éboulis alors que l’on passe un groupe de randonneurs. La bonne nouvelle, c’est que l’on est maintenant proches du pas. La mauvaise, c’est que le chemin passe par un névé important en montée. Une partie du groupe le tente sur la droite en passant par le névé, tandis que Ben et moi faisons ressortir le chamois qui someille en nous et préférons nous essayer aux rochers sur la gauche.
Au final, nous débouchons tous sur la suite du chemin à peu près au même moment. Quelques minutes plus tard, nous arrivons à destination, où déjeunent trois autres randonneurs.
Se pose alors la question de la suite des évènements. Le ciel s’est couvert durant notre ascension, il commence à faire frais, et l’heure est déjà bien avancée. La neige est encore bien installée en altitude, l’accès à la tête de la Fréma semble compromis par les névés omniprésents.
On décide donc de mettre le cap sur le refuge de Chambeyron, une centaine de mètres plus bas, pour y manger à l’abris du vent. La carte SD de Ben est pleine, et je reste avec lui le temps qu’il transfère des vidéos sur son portable. En l’absence de barre de progression, on décide de casser la croûte sur place avec vue imprenable sur le lac Premier, avant de rejoindre les autres.
Après la visite impromptue d’une marmotte et plusieurs vaines tentatives pour apercevoir le reste du groupe, on se met en selle pour la descente. Au premier virage, nous retrouvons nos compagnons de voyage, tranquillement installés derrière un rocher et qui ont eux aussi terminé leur repas.
Une descente interminable
La première partie de la descente est assez frustrante. On doit encore passer plusieurs névés, qui nous font plus penser à un départ sur le glacier de l’Alpe d’Huez lors de la Megavalanche qu’une descente tranquille. Bref, on a encore peu d’occasions de rester sur nos pédales. Je tente la glissade contrôlée pour franchir plus vite une de ces zones enneigées, avec perte et fracas. Après la traversée d’un ruisseau, on atteint enfin le refuge, à partir duquel on devrait enfin pouvoir se faire plaisir.
La descente qui suit n’est pas loin des photos “carte postale” que l’on trouve dans les magazines VTT. Le PR sinueux qui rejoint Fouillouse commence à flanc de montage, dans un paysage très rocheux que la lumière faiblarde d’un soleil bien timide qui se cache derrière les nuages a bien du mal à réchauffer.
Puis au fur et à mesure que l’on descend, la végétation se fait de plus en plus présente, et les excès de vitesse deviennent permis sans risque de se retrouver 300 mètres en contrebas en cas de sortie de piste. La trace est peu technique, le single en très bon état et accessible au plus grand nombre.
Après une première crevaison fantôme lors de notre arrivé au camping la veille, Ben récidive. Cette fois il crève vraiment, mais le préventif traine les pieds et ne se met à tout colmater qu’après avoir sorti pompe et chambre à air en vue de la grosse réparation.
La navigation se fait un peu aléatoire lorsque plusieurs chemins s’éloignent du PR, mais nous continuons notre descente sans perdre une seule âme.
Un peu au dessus de 2000m, on retrouve quelques mélèzes épars qui laissent apprécier la vue sur la vallée. Simon signe la plus belle chute du week-end avec un faceplant magistral et évite la case dentiste grâce à son Bell Super 2R. Une chute qui fait réfléchir sur l’intérêt des casques intégraux légers malgré leur prix élévé.
Le soleil refait son apparition tandis que l’on continue notre descente d’anthologie en mettant le cap sur St-Paul-sur-Ubaye. Pas de risque de surchauffe (à part pour les freins), car le décors change encore lorsque l’on récupère le GR 5 qui nous emmène en sous-bois, les épines de mélèzes frétillant sous nos pneus. Le terrain est assez varié : quelques épingles et chicanes, une ou deux petites marches : ça reste très accessible, joueur, et doux pour le matos.
Nous traversons la route qui monte à Fouillouse. Après un petit passage plus pentu et glissant jonché de cailloux, on arrive sur la dernière partie du tracé, qui a bien du mal à s’extraire des herbes hautes. On débouche finalement le long de l’Ubaye, qui nous ramène au camping.
Conclusion
Une sortie à recommander sans hésitation, qui nous avait été chaudemment conseillée et dont on comprend vite l’intérêt lorsqu’on s’engage dans les premiers mètres de descente. La montée nécessite poussage et portage, mais c’est de toutes manières le passage obligé de toute vraie sortie montagne. La descente est ludique, sans gros engagement, et peut se faire à n’importe quel rythme. Seule la première section entre le pas de la Couletta et le refuge de Chambeyron peut poser problème, avec ses épingles en terrain instable. Attendre le milieu de l’été pour s’assurer l’absence de neige peut également s’avérer être un choix judicieux.
Seul regret : que les conditions ne nous aient pas permis de pousser jusqu’à la tête de la Fréma. Ce sera peut-être pour une prochaine fois, car la perspective de redescendre ce single sans fin est une incitative imparable lorsqu’il s’agit de décider d’une nouvelle sortie.