Rando VTT Taillefer : Lac Fourchu par Malaine
Suite de notre week-end au sud de Grenoble : après Emparis la veille, direction le lac Fourchu, un grand classique du vélo de montagne dans le coin. Je voulais faire cette sortie depuis un bon moment, l’occasion était donc trop belle pour ne pas enquiller cet itinéraire réputé.
Montée hybride
Vu les déboires de notre ami Simon la veille, nous décidons d’écourter la première partie de la trace qui monte par la route de La Paute à Ornon puis la Grenonière. Nous économisons ainsi 600m de D+ en faisant une navette en voiture. Pas de quoi fanfaronner pour les “vrais” qui déplorerons l’utilisation d’un moyen motorisé pour avaler une partie du dénivelé, mais une étape nécessaire pour garder le groupe en un seul morceau sans perdre une miette de l’intérêt de la sortie.
Nous nous sommes garés un peu bas, et commençons donc à rouler sur le bitume. Puis la route se transforme en chemin d’accès après un peu plus d’un kilomètre. De quoi avaler la première partie du D+ tranquillement, comme la veille, malgré certaines parties un peu pierreuses.
Comme la veille, mon GPS n’accrochera que bien après le début de la sortie, alors que l’on a déjà bien avancé sur le chemin d’accès.
On attaque ensuite une longue section de portage, qui débute sous les arbres avant de percer dans la roche et nous fait passer près d’un trou d’eau limpide bienvenu pour une pause goûter.
Le portage s’achève lorsque l’on atteint le pied du plateau vers 2000m. On en profite pour manger en bord de ruisseau avec une vue dégagée sur les 2 Alpes au loin.
On monte ensuite sur le plateau où le single longe les quatre lacs (lac de la Veche, lac de l’Agneau, lac Noir et lac Culasson) que surplombe le Taillefer (2857m) sur notre gauche.
On continue pour arriver à la croisée des chemins et basculer sur l’autre versant, qui offre une vue sur le Vercors à l’ouest et Chamrousse au nord. Une très courte descente permet d’atteindre enfin le lac Fourchu.
Nous empruntons le single qui le longe pendant quelques minutes avant de discuter avec des randonneurs qui nous indiquent un itinéraire possible par le nord. Le GPS nous rappelle vite à l’ordre et nous revenons sur nos pas pour suivre la trace qui part à l’est pour franchir le Pas de l’Envious et atteindre le refuge du Taillefer. La digestion est un peu compliquée pour moi depuis que j’ai avalé mes énormes sandwiches, alors passer à la descente ferait bien mes affaires…
Descente à deux doigts du drame
Après un avant-goût qui mène au refuge en alternant petites montées et descentes, c’est du refuge qu’elle commence réellement : 1500m de D- à avaler relativement rapidemment car l’heure est plutôt avancée et le temps couvert fait déjà faiblir la luminosité.
Pour d’obscures raisons prémonitoires, j’avais ce jour là emmené et mis mes coudières pour la première fois hors DH. Bien m’en a pris, car peu de temps après avoir commencé à faire pointer le vélo vers le bas, sur un single heureusement relativement rectiligne, peu descendant, et entouré d’herbe, mon frein avant me fait lâchement défaut : plus aucun retour dans le levier ! J’arrive à m’arrêter au frein arrière dans l’herbe, avant de constater que c’est le pivot de mon levier de frein qui a tout simplement disparu.
Après analyse dans les jours qui ont suivi, il s’avère qu’il est constitué d’un axe en deux parties qui se vissent l’une dans l’autre, et qu’elles se sont dévissé en cours de route. Pas enchanté par mon expérience avec mes Formula Rx qui s’avèrent bruyants, avec des performances inconsistantes (puissance qui varie du jour au lendemain dans des conditions identiques, sans trop savoir pourquoi) et nécessitent de se pencher dessus régulièrement (avancement des plaquettes, pistons grippés, …) je n’étais pas non plus conquis par leurs pratiques commerciales et surtout leur politique tarifaire. Là c’est le ponpon avec cet axe dont j’avais pourtant vérifié le serrage en début de saison qui se débine heureusement à l’un des meilleurs moments, où j’ai pu m’arrêter sans problème. Ca aurait été beaucoup, beaucoup plus compliqué quelques kilomètres plus loin.
Bref, sur le coup, je tente vainement de repérer quelque chose de brillant dans l’herbe en revenant sur mes pas. Pendant ce temps, les copains ont eu le temps d’effectuer une réparation diabolique d’efficacité grâce à deux rilsans.
Nous voilà donc repartis de plus belle, enfin sauf pour moi qui réapprend à freiner. Les rilsans, bien qu’efficaces, ne sont bien sûr pas aussi rigides qu’un axe en alu, et le feedback peu précis du levier ne donne pas forcémment super confiance.
Ca passe quand même, alors que le single devient de plus en plus sinueux et pentu. On quitte l’environnement rocailleux en perdant de l’altitude, pour s’enfoncer dans la verdure bordée d’arbres et négocier un enchainement d’épingles. La descente est longue et ça roule plutôt fort devant, alors que la surchauffe de mes plaquettes organiques à l’avant vient s’allier au levier défaillant pour organiser une séance de musculation de l’index improvisée. Bref, je roule alors à un train assez conservateur…
Un petit segment où le gradient s’inverse permet de remonter au départ du single de Malaine. Après une pause rapide, c’est donc repartit. On enchaine les épingles à un rythme soutenu, dans une pente non négligeable. Par chance, ce jour là le single est en excellent état, alors que renseignements pris, il est régulièrement impraticable à cause d’arbes abattus. Singletrack signale une érosion importante, mais mis à part quelques épingles un peu creusées on reste sur quelque chose de très propre dans son ensemble.
Certaines épingles sont vraiment très serrées, et mieux vaut avoir un frein avant en bon état de fonctionnement pour espérer les passer en nose-turn !
On débouche finalement sur la vallée, avant de rejoindre la voiture par un chemin de XC en sous-bois. Troisième échec GPS du week-end : la batterie de mon portable a rendu l’âme pendant la descente de Malaine.
Verdict
Je ne sais pas si c’est le temps mitigé, ma condition physique moyenne ou mes freins chancelants à la descente, mais le lac Fourchu n’a pas laissé sa marque dans mon esprit, si ce n’est pour ce dernier point, qui me pousse maintenant à vérifier mon pivot avant chaque nouvelle sortie. Je dit bien “mon”, car à 22€ le minuscule axe en alu, je ne compte pour le moment pas dépenser un seul centime chez Formula. J’ai transferé l’axe du levier arrière à l’avant, puis fabriqué un système en rilsans de compétition pour remplacer l’axe arrière. Une solution semi-temporaire qui va durer jusqu’à ce que trouve une offre intéressante pour de vrais bons freins, que ce soit du côté de Shimano ou SRAM, puisque je suis totalement satisfait des Guides RS sur mon Tues.
Je ne considère donc à prioris pas le lac Fourchu comme une sortie à encadrer dans mon hall of fame personnel, malgré l’engouement général qu’on peut lire sur le net pour cette destination et la trace la plus couramment suivie. La montée de 600-700m de D+ par la route (que nous n’avons heureusement pas faite) : bof, d’autant plus que la route est assez empruntée et laisse à certains endroits peu de place pour une cohabitation voitures/vélos apaisée. L’approche par chemin ultra-large : bof aussi. Le portage ? Je n’ai rien contre une bonne dose de portage, bien au contraire, mais dans ce cas particulier son intérêt me semble moyen au vu du reste de la sortie : pas d’ambiance “exploration au bout du monde”, pas de paysages d’exception, juste un bout de marche vélo sur le dos parmi d’autres randonneurs.
La balade sur le plateau ? Les vues ? Mon ventre gargouillant et le temps maussade ne m’ont pas aidé à apprécier la beauté des lieux, bien que la partie haute de la descente soit très bien lotie de ce point de vue. Pas plus le fait que nous y soyons allé en fin de saison, avec un lac au niveau bas et pas des plus aguichants. Sans compter la fréquentation importante des lieux : nous étions loins d’être les seuls. C’est ce qui me fait rester prudent quant à l’impression moyenne que cette sortie m’a laissé. Idem pour les descentes, qui semblent avoir du potentiel quand je visionne les vidéos prises ce jour là, mais que je n’ai pas vraiment pu apprécier à la hauteur de ce qu’elles ont à offrir.
Un avis mitigé donc, mais qui ne doit pas vous arrêter : difficile pour moi de déconseiller formellement cet itinéraire dans ces conditions, d’autant plus que sur le papier, tout y est. A moins de trois quarts d’heure de Grenoble, facile d’accès, le lac fourchu offre des paysages très appréciables et des descentes de qualité, ce qui explique certainement sa popularité et sa fréquentation importante.
Il se peut aussi que je devienne légèrement difficile avec le temps, d’autant plus en écrivant ces lignes maintenant alors que je sors d’un week-end exceptionnel dans le Queyras, dont la beauté sauvage place le massif dans une toute autre catégorie. Avec le temps, mes goûts personnels entrent aussi en ligne de compte : je préfère les singles avec du flow aux épingles en forte pente, les tracés à ciel ouvert plutôt qu’en sous-bois, et une isolation aussi profonde que possible.
Bref, le lac Fourchu reste une très bonne option une fois que vous aurez épuisé les autres, voir un premier choix si vos goûts s’y accordent : c’est aussi pour cette raison que je publie toujours un nombre important de photos, choisies pour être aussi représentatives que possible de la sortie.
Comme d’habitude, les liens indispensables :
- Ma trace Strava (incomplète)
- La trace de Ben (complète)
- La trace que nous avons suivi