Tige de selle téléscopique : le guide pour tout savoir sur cet équipement VTT devenu indispensable
Ovni pour les non-initiés, la tige de selle télescopique est tout simplement le produit qui a eu le plus d’impact sur la pratique du VTT moderne depuis une décennie. Oubliez la lente évolution des géométries, les circonvolutions autour des tailles de roues, les jantes larges ou que sais-je encore : c’est bien ce composant qui a profondément transformé le déroulement de chaque sortie.
Si vous préférez directement faire un tour exhaustif des modèles disponibles sur le marché, je vous recommande chaudement mon article qui décrit tous les modèles de tige de selle télescopique classés par marque. Sinon, c’est partit pour une balade historico-mécanique pour vous expliquer les tenants et les aboutissants de ce composant ainsi que tout ce qu’il faut savoir pour le choisir.
Tige de selle télescopique : je débute, c’est quoi ce truc ?
Ce truc, c’est la solution à un problème tout simple. Sur le plat ou en montée, quand il faut pédaler, on roule avec une selle haute, ajustée comme il se doit pour fournir un maximum d’efficacité et de confort. En descente, la rabaisser permet de dégager une place importante, ce qui permet d’être très mobile sur le vélo pour attaquer les pentes les plus difficiles.
Avant la démocratisation des tiges de selle télescopiques ou dropper post, il fallait donc s’arrêter avant chaque descente et descendre sa selle à la main grâce au collier à serrage rapide, entraînant perte de temps, cassure de rythme et autres usures. Grâce au dropper, il suffit d’appuyer sur un bouton pour faire monter ou descendre sa selle, ce qui peut donc s’effectuer sans jamais s’arrêter, autant de fois qu’on le souhaite pendant une sortie.
Une TDS télescopique moderne s’apparente davantage à une suspension qu’au vulgaire tube en alu d’antan, avec une tige mobile s’appuyant sur un ressort le plus souvent à air, une commande qui permet de le bloquer dans une position donnée, une cartouche hydraulique qui permet notamment d’ajuster la vitesse de remontée et plusieurs jeux de joints pour sceller le tout face aux éléments.
Un peu d’histoire
Le premier équipement qui se rapproche de la tige de selle télescopique moderne, c’est peut-être le Hite Rite, conçu et commercialisé dans les années 80. Sommaire, il était constitué d’un collier attaché à la tige de selle et d’un ressort, fixé d’une part à ce collier, et d’autre part à la base du tube de selle. Le ressort permettait de faire remonter la tige de selle, qu’on verrouillait alors avec le collier de serrage rapide classique. Pour la descendre, il suffisait de faire pression sur la selle, comme avec les droppers actuels, ce qui compressait le ressort. On verrouillait à nouveau la tige de selle avec le collier à serrage rapide.
Top de l’innovation, le collier à serrage rapide se vit même agrémenté d’une commande par câble qui permettait de le verrouiller ou déverrouiller grâce à un shifter sur le cintre.
Au début des années 2000 apparu la première itération d’une vraie tige de selle télescopique moderne : le Gravity Dropper. Avec une opération totalement mécanique entraînant une fiabilité souvent mise en avant, le produit proposant 75mm de débattement fit des émules et les itérations successives de ce modèle sont toujours commercialisées aujourd’hui.
Mais la vrai démocratisation de cet équipement n’interviendra que dix ans plus tard, avec la mise sur le marché par Rockshox de la Reverb. Avec un ressort à air, une commande hydraulique et 125mm de débattement, ce modèle fut le premier à réellement définir le marché comme on le connait aujourd’hui, et fit passer en cinq ans la tige de selle télescopique du statut de produit aftermarket pour enthousiastes à celui d’incontournable sur tout VTT neuf commercialisé.
Réservé autrefois aux pratiques ludiques à engagées, la tige de selle télescopique s’imposa même en cross-country, testament de son impact profond sur toutes les pratiques du VTT moderne.
Comment choisir sa tige de selle télescopique
Aujourd’hui, les modèles disponibles sont nombreux, et s’ils opèrent tous plus ou moins de la même façon, quelques spécifications restent à observer pour bien choisir le dropper qui vous correspond.
Débattement, longueur, diamètre
C’est un point primordial pour faire votre choix, les options les plus populaires étant 100, 125, 150 et 170/175mm. Un débattement plus important permet de baisser davantage la selle en descente, au prix d’un poids légèrement plus élevé. Mais plus que le poids, c’est une contrainte de place au niveau du tube de selle qui va vous limiter dans ce choix.
Si votre cadre possède un tube de selle haut, vous serez limité dans le choix d’un grand débattement, sous peine de ne pas pouvoir régler la hauteur de votre selle suffisamment bas. N’oubliez pas non plus de prendre en compte la hauteur de la bague au sommet de la tige dans vos mesures.
Considérez aussi la longueur de la tige. Plus le débattement est important, plus cette longueur augmente, ce qui peut poser problème sur les petits cadres ou ceux aux tubes tortueux, par exemple si le tube de selle est coudé.
Enfin, le diamètre de la tige (30.9 et 31.6mm étant les plus courants) doit fort logiquement correspondre à celui de votre tube de selle.
Technologie et commande
Reverb en tête, la plupart des tiges de selle sur le marché utilisent le combo ressort à air et cartouche hydraulique, avec soit une commande hydraulique, soit une commande mécanique. Certains modèles comme le TRS+ d’E13 font en revanche le pari d’un retour aux sources et à plus de fiabilité avec un système complètement mécanique proposant ressort hélicoïdal et commande par câble.
Enfin, on peut noter l’apparition de commandes électroniques qui suivent les innovations en termes de transmission. Si la commande au guidon s’est démocratisée, on peut trouver les modèles les plus abordables avec une commande sous la selle.
Ajustement infini ou par paliers
Les modèles qui proposent un ajustement “infini” sont prédominants. Ils permettent de relâcher la commande à tout moment pour verrouiller la position de la selle. Mais on trouve encore des modèles qui proposent un nombre limité de paliers. Dans l’absolu, l’intérêt de l’ajustement infini est limité : dans 95% des cas, on roule avec la selle complètement remontée ou complètement abaissée.
Routage du câble
A leurs débuts, les tiges de selle télescopiques proposaient un routage externe au cadre, qui formait une boucle peu esthétique quand la selle était abaissée, afin de fournir assez de mou pour la remonter. Aujourd’hui, tous les modèles mis à part les plus abordables proposent un routage de la gaine à l’intérieur du cadre, avec un raccord à la base de la tige.
Les principaux modèles sur le marché
Le choix de la “meilleure” tige de selle télescopique n’est pas une mince affaire. L’aspect performance importe peu dans l’absolu, car la fonction de ce composant est assez simple. En fait, la préoccupation majeure de tout rideur dans ce choix est avant tout la fiabilité, qui semble bien difficile à atteindre pour les fabricants. Et comme toujours quand on s’intéresse à la fiabilité d’un produit, difficile de faire la part des choses en l’absence de chiffres clairs, uniquement par le bouche à oreille et les retours sur les principaux forums. Je ne ferai donc pas ici de recommandation, en me contentant de faire un topo rapide sur chaque modèle.
Rockshox Reverb Stealth
La TDS téléscopique la plus courante, maintenant en version 2, supposément plus fiable. Difficile de dire si c’est à cause des volumes écoulés ou une conception douteuse, mais la fameuse Reverb traine une réputation assez exécrable quant à sa fiabilité. Réputation renforcée par le recours fréquent de SRAM à qualifier les nouveaux modèles testés de “pré-production” lors de l’apparition d’un problème. Si les problèmes vis à vis de la commande hydraulique sont facilements résolus par une purge, la part de modèles qui prennent un jeu vertical et demandent un rebuild semble tout simplement énorme, mon exemplaire n’ayant pas échappé à la règle.
Prix généralement constaté : à partir de 240€ environ pour la Reverb Stealth 2 avec la commande la plus basique.
Fox Transfer
Le modèle Fox propose comme la Reverb un ressort à air et une cartouche hydraulique, en revanche la commande est à câble plutôt qu’hydraulique. Proposée en 100, 125 et 150mm pour les deux diamètres les plus courants, elle est disponible en deux versions : factory et performance, la première arborant le célèbre revêtement Kashima. La tige de selle téléscopique Fox est une des rares options qui semble bénéficier de bons échos en termes de fiabilité pour ce type de conception, succédant avec succès à la D.O.S.S qu’elle remplace.
Prix généralement constaté : environ 300€ pour la version performance et 350€ pour la version factory, auxquels il faudra ajouter la commande au guidon vendue séparément pour la bagatelle de 70€.
E*13 TRS+
Comme évoqué précédemment, E*thirteen a fait le pari de revenir à un système entièrement mécanique avec un ressort hélicoïdal et une commande par câble. Cette tige de selle ne bénéficie pas d’un ajustement infini, se contentant de deux positions intermédiaires. Elle est disponible en 125, 150 et 175mm dans les deux diamètres standards. Il est trop tôt pour juger de la fiabilité de ce modèle lancé l’année dernière, mais le retour à plus de fiabilité au détriment d’un zeste de confort semble faire le bonheur d’une communauté excédée par les médiocres performances de pas mal de concurrents dans ce domaine.
Prix généralement constaté : autour de 260€ pour la TRS Plus 150mm.
KS Lev, Thomson Dropper, Crankbrothers Highline
On ne va pas faire le tour complet de l’offre qui est maintenant pléthorique, mais les trois cités ci-dessus font partie de ceux que l’on retrouve également de manière courante. Si votre objectif est vraiment de faire un tour d’horizon de ce que chaque modèle offre, je vous encourage à consulter mon nouvel article qui liste tous ces modèles de manière très détaillée ici : tiges de selle télescopiques classées par marque.
Le mot de la fin
La tige de selle télescopique, si elle est devenue indispensable, est un peu le mouton noir de toute machine. Contrairement à une transmission ou une suspension, on lui en demande bien peu. Et pourtant, année après année, il semble toujours impossible de dégager de manière claire une option totalement fiable alors que les prix restent élevés et les modèles toujours plus complexes pour assurer une fonctionnalité basique. A tel point que leur simplification sous forme de retour aux sources est sans doute la voie du futur.
Même si certains modèles sortent du lot, choisir une tige de selle télescopique est donc souvent plus question de choisir la moins mauvaise en faisant un pari sur sa fiabilité. La plupart des modèles offrent une garantie de 2 ans (3 pour la Highline) : gardez bien votre reçu, car vous en aurez sans doute besoin.
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Salut Sébastien, merci beaucoup pour ces descriptions ! Au niveau du plongeur dans le tube de selle, c’est seulement les joints qui empêche le plongeur de sortir du tube ou il a y des taquets pour arrêter la course en position haute (lors de la remontée)? Je me posais la question quant au fait de suspendre un vtt ayant une tds telescopique via deux crochets, l’un sous la selle l’autre sous le guidon. Jouable à ton avis niveau mécanique? Comme ça, je dirais que ça peut abîmer la selle mais bon… pas sur de mon coup cela doit dépendre également du poids du vélo non? Encore pire pour un VTTAE?
Merci bien pour ton aide! Et au top tes articles !
Aymeric
Salut Aymeric,
Le design exact dépend des systèmes mais oui, il y a des stoppers prévus pour le supporter en butée haute. Perso je ne suis pas très chaud pour le faire mais c’est plus psychologique qu’autre chose, normalement tu peux sans problème le suspendre de la sorte tant que tu as mis la selle en position haute.
Salut Sébastien.
Bien vu ton article, qui met l’accent sur la fiabilité des tiges de selles télescopiques.
Et oui, il est incroyable voir un objet mécanique aussi peu fiable, est ce tolérable ?, les vététistes sont ils des vaches à lait ?.
Je n’ai pas la réponse, mais dans d’autres secteurs de l’industrie, on ne peut même pas penser une seconde de produire un mouvement mécanique non fiable.
Peut être qu’un jour Ohlins, Shock Fatory, EMC feront leurs tiges de selles, et là, j’achète !!.
Belles randonnées à tous.