Protections VTT : le point sur les différents formats et matériaux
Depuis une dizaine d’années, les protections VTT ont sensiblement évolué pour maximiser confort et protection, dans des proportions différentes selon les produits. Je vous propose dans cet article un tour d’horizon des formats et technologies aujourd’hui disponibles sur le marché pour comprendre leurs avantages et leurs inconvénients, ce qui devrait vous permettre de mieux cerner les options susceptibles de vous convenir lors du choix de nouvelles protections dans une catégorie donnée.
Différents formats
Dans la première partie de cet article, nous allons principalement nous intéresser aux genouillères et coudières pour explorer divers tendances et choix technologiques globaux, avant de revenir dans un second temps sur leur influence concernant d’autres types de protections.
Le premier point à aborder reflète ce principe puisqu’il s’applique de manière générale à tous les types de protections mais est peut-être le plus sensible, et certainement le plus commun, sur ces genouillères et coudières. Il s’agit du format général de la protection, avec d’un côté du spectre des modèles très légers mettant l’accent sur la liberté de mouvement, la respirabilité des matériaux, et la légèreté, et de l’autre des modèles plus imposants qui privilégient avant tout la protection, aux dépends de ces autres paramètres.
“L’heure de gloire de la coque rigide de grand-maman est depuis longtemps révolue.”
On trouve sur les premiers des coques souples très fines ou des coques viscoélastiques et un maintien en position souvent assuré par un unique manchon en lycra ou néoprène très fin. Les seconds s’appuient sur des coques souples beaucoup plus imposantes, des coques viscoélastiques (pas d’inquiétude, on revient très vite sur les fruits de la rhéophysique) au gabarit tout aussi important, et couvrent généralement de manière beaucoup plus étendue l’articulation concernée, tant par la coque principale que l’utilisation de renforts aux endroits concernés, comme l’intérieur et l’extérieur du genou. On trouve sur ces protections un maintien le plus souvent assuré par deux straps velcro, qui s’appuient sur une structure au format variable selon les modèles.
Je reviendrai plus loin sur la portée de ces différences sur le terrain, puisqu’il me semble au préalable plus important de voir ensemble en détails ce qui différencie techniquement ces coques et systèmes de maintien.
Coques rigides, souples, ou viscoélastiques
L’heure de gloire de la coque rigide de grand-maman est depuis longtemps révolue, bien que l’on puisse encore trouver dans le bas de gamme certains modèles de coudières ou genouillères vouées au DH qui en font encore usage. C’est la plus basique des protections, qui s’appuie donc sur une coque rigide qui protège des chocs sur des surfaces dures et sous laquelle une épaisseur de mousse vient faire tampon sur le membre protégé pour transférer la force de l’impact sur la surface la plus importante possible.
Le gros inconvénient des coques rigides est justement qu’elles ne se déforment pas, ce qui est problématique dans un sport où les genoux comme les coudes ont besoin d’une liberté de mouvement importante sur un temps long. Outre la gêne occasionnée, le maintien de ces protections est généralement assez pauvre. Elles ont toutefois pour elles une longévité sans faille face aux chutes répétées, ce qui explique notamment, outre leurs tarifs abordables, qu’elles soient très répandues sur le marché de la location en station.
Les coques souples sont aujourd’hui employées sur beaucoup des protections basiques et constituaient jusqu’à récemment la solution quasi-universelle même sur le haut de gamme. L’idée est qu’il est possible avec une conception qui mêle des mousses à la densité différente et des textiles endurants d’offrir une tension de surface suffisante pour protéger de la majorité des chutes sans devoir recourir à une coque rigide. L’avantage est sensible en termes de confort, puisque la déformation de la coque permet de mieux épouser l’articulation dans ses mouvements.
Si ces considérations valent pour les coudières et genouillères, les coques souples sont cependant insuffisantes pour protéger efficacement beaucoup d’autres zones du corps comme le thorax, les côtes ou le dos par exemple, dont les protections complètes ne passaient jusqu’à récemment que par l’emploi de coques rigides.
La vrai nouveauté de la dernière décennie se trouve dans la généralisation de l’utilisation de matériaux dont le comportement mécanique change selon qu’il soit déformé lentement ou rapidement, aussi appelés viscoélastiques. S’il existe de nombreuses solutions, certaines marques développant les leurs comme Poc avec VPD ou IPX chez O’Neal, le fabricant le plus connu est certainement D3O, dont les produits sont utilisés dans des secteurs variés et dans le monde du VTT par des marques comme Fox, 661, TLD ou encore Scott.
L’intérêt de ce type de solution est d’avoir une coque souple au repos ou lorsqu’elle est soumise aux mouvements du pilote, qui devient rigide uniquement quand elle est soumise à un impact. On obtient ainsi le meilleur des deux mondes, ce qui permet de concevoir des produits offrant un confort et une liberté de mouvement importants, tout en conservant une excellente protection.
Serrage classique et manchons
Le système historique pour maintenir une paire de coudières ou genouillères de part et d’autre de leur articulation respective a peu évolué, ce qui semble logique puisqu’il n’existe semble t-il qu’un nombre limité de façons de le faire. Bien que des différences existent, la bonne vieille méthode de serrer l’accessoire à chaque bout reste donc de mise sur beaucoup de modèles, avant tout sur ceux qui offrent une protection de bon niveau.
Comme énoncé plus tôt, le format “léger” qui a émergé au fil du temps s’appuie quant à lui sur un manchon élastique très respirant plutôt que des straps à velcro. L’idée est qu’il vaut mieux avoir une pression moyenne mais étendue sur une zone importante, plutôt qu’une pression importante très localisée. Le manchon est donc une solution techniquement intéressante, d’autant plus qu’elle permet de gagner énormément en poids et en respirabilité pour offrir un produit donnant une sensation de liberté accrue. L’une des contraintes de ce manchon est cependant sa fragilité qui limite le poids, et donc la taille ainsi que l’épaisseur des surfaces de protection en elles-mêmes, et peut s’avérer problématique en termes de résistance aux chutes dans le temps puisqu’il se déchire très facilement s’il n’est pas renforcé. Un bon exemple de ce type de modèle très léger sont les Pro-X3 de G-Form.
Le principe du manchon en lui-même n’est toutefois pas nouveau et s’invite également sur les modèles offrant beaucoup de protection, dans une version bien plus renforcée et plus ou moins élastique. C’est par exemple le cas sur les K-Pact de Ion au sujet desquelles j’ai publié un test l’an dernier, modèle qui utilise un manchon épais en néoprène en plus des deux straps velcro pour un maximum de maintien.
Enfin, différents produits se positionnent au milieu de ces deux extrêmes, mêlant manchons plus ou moins respirants, protection plus ou moins étendue, présence ou absence de straps pour le serrage.
Dorsales et vestes
Les coques en polymères viscoélastiques ne se sont pas limitées aux coudières et genouillères, elles sont également aujourd’hui très répandues côté dorsales et gilets. On trouve ainsi dans ces deux catégories de produits deux approches distinctes : coque rigide, ou coque viscoélastique, avec des renforts en mousse souple à certains endroits.
Le positionnement de chaque produit dans ces deux catégories est plus tranché que dans celles des protections vues jusqu’à présent à cause de leur différence d’encombrement. Les gilets et dorsales en coques rigides (je vous renvoie pour l’exemple vers mon test du Fox Titan Sport que j’utilise encore aujourd’hui) sont exclusivement tournées vers la Descente, secteur historique, où leur encombrement reste acceptable, alors qu’un véritable marché s’est ouvert sur les autres pratiques via l’utilisation des nouveaux matériaux comme celui de D3O. Si l’utilisation d’une dorsale ou d’un gilet de protection reste très minoritaire pour une pratique courante, il existe aujourd’hui un bon nombre d’options viables si l’on souhaite s’en équiper. On peut par ailleurs mentionner que certains sacs sont dorénavant directement équipés d’une dorsale mettant à profit ces matériaux viscoélastiques.
“Certains gilets [ne sont] que quelques bouts de mousse glorifiés assemblés sur un t-shirt en lycra”
Le choix entre ces différentes options dépend donc pour ces produits largement de l’utilisation escomptée. Pour une utilisation purement DH, le gilet ou dorsale en coque rigide reste une option, tandis que pour une utilisation courante ils sont rédhibitoires. Les versions en mousse viscoélastique, beaucoup plus confortables et respirantes, s’adressent quant à eux aux deux types de pratiques distinctes, modulo leur conception et niveau de protection.
Il faut en effet rester vigilant quant à la grande disparité qui existe au sein de cette catégorie, certains gilets n’étant que quelques bouts de mousse glorifiés assemblés sur un t-shirt en lycra (parfois désignés comme “première couche”, “maillot” ou “sous-maillot) tandis que d’autres proposent un bon niveau de protection pour des prix qui peuvent toutefois s’envoler. Comme pour les coudières et genouillères, chaque modèle se situe sur un spectre continu entre légèreté, confort, respirabilité d’un côté, et niveau de protection élevé de l’autre. On trouve ainsi par exemple des modèles comme le Baseframe Pro D3O de Fox qui reprend peu ou prou le niveau de protection de la Titan Sport mais avec une conception offrant plus de confort grâce à l’utilisation du D3O en lieu et place des coques rigides, et d’autres très minimalistes comme le Seamless Lite B&S D3O de Bluegrass qui n’a pour but que proposer une dorsale en D3O ou le G-Form Pro-X qui reprend le schéma vu sur les coudières et genouillères de la série.
Considérations pratiques, retours d’expérience et positionnement tarifaire
Je ne suis personnellement pas très friand des protections “légères” qui s’articulent autour d’un manchon très fin et une protection limitée. Comme je l’indiquais déjà en 2016 dans mon test des TLD E-LITE, je les considère davantage comme une protection face aux abrasions que contre les chocs violents, ce pour quoi elles constituent à mon sens une solution acceptable pour celles et ceux qui roulent avec des coudières, mais certainement pas pour des genouillères dignes de ce nom.
Outre le niveau de protection réduit de ces modèles face aux impacts importants, la couverture de cette protection est presque toujours insuffisante dans le cas des genouillères, limitée à l’avant du genou là où les faces internes et externes sont pour moi tout aussi importantes.
“L’intérêt d’une protection reste à priori quand même de nous… protéger.”
Ces considérations mises à part, un point crucial à ne pas négliger lors du choix de genouillères (ou de coudières) est l’efficacité de leur système de maintien, car une genouillère qui tourne ou qui descend à l’impact ne sert à rien. Si une protection qui se fait moins sentir peut s’avérer plus confortable, surtout lors des longues et chaudes sorties d’été, l’intérêt d’une protection reste à priori quand même de nous… protéger.
La question d’une conception à coque souple classique ou en version viscoélastique se pose alors… ou pas vraiment en fait. Si le D3O et ses cousins sont clairement une technologie qui a des arguments solides à faire valoir, les coques souples classiques ne sont pas à mon sens rédhibitoires en elle-mêmes. La conception de la genouillère dans son ensemble est la plus importante : efficacité du système de maintien, protection étendue, et selon la tolérance de chacun, confort et respirabilité. Toutefois, le fait est qu’aujourd’hui les mousses viscoélastiques permettent un meilleur confort et maintien tout en offrant à priori une meilleure protection, et, surtout, la quasi-totalité des modèles moyen à haut de gamme en font l’usage, ceux s’appuyant sur des coques souples ayant majoritairement disparu du segment.
L’argument tarifaire est par ailleurs intéressant sur ce sujet, puisque si l’on pourrait croire qu’une protection utilisant une coque en matériau viscoélastique offrant le maximum de sécurité soit la plus dispendieuse, ce n’est pas tout à fait le cas. Certaines marques comme O’Neal avec ses Dirt proposent dès 50€ ce format, les modèles de marques premium se situent davantage autour des 80 à 90€, qu’il s’agisse des excellentes K-Pact de Ion déjà abordées, des Launch D3O de Fox, ou des Joint VPD chez Poc. Mais il faut également dépenser 80 à 90€ chez Poc ou Fox respectivement pour leurs versions légères VPD Air Leg Uranium ou Enduro Pro, ce qui fait un bien gros billet pour bien peu de protection.
Ce qu’il faut retenir
Comme souvent, il revient à chacun de placer la barre où il l’entend sur le large spectre de performances offertes par la foultitude de produits disponibles sur le marché. S’il existe des modèles qui mieux que d’autres rassemblent plusieurs qualités ou en optimisent certaines, le produit le plus léger ne sera jamais le plus protecteur, et inversement.
J’espère tout du moins que cet article vous aura permis si vous êtes par exemple à la recherche de vos premières protections VTT de facilement dissocier les tendances qui émergent dans chaque catégorie, ainsi que les points forts et points faibles inhérents à chaque choix technologique opéré sur ces derniers, afin de plus facilement vous orienter vers des protections adaptées à vos attentes.
Enfin, je n’ai pas abordé ici les protections marginales comme les shorts de protection (qui reprennent généralement le format des gilets “légers”), les protège-tibias réservés à la descente et qui même en station sont finalement assez rares, ou encore les casques dont j’ai déjà beaucoup dit dans cet article qui explique comment les choisir ou celui-là qui revient sur les modèles hybrides actuellement disponibles.
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