Apprendre le snowboard : attaquer la pente en toute confiance

Ce troisième volet de la série Apprendre le snowboard est consacré à votre progression après avoir acquis les bases. Une fois que vous êtes en confiance et que vous réussissez sans trembler vos virages sur pente douce, l’appel des pentes plus prononcées se fait entendre ! Nous allons donc ici nous intéresser aux quelques principes à maitriser pour attaquer la pente en toute confiance. A l’issue de ce chapitre, vous serez totalement autonomes, capables de descendre n’importe quelle piste sur un domaine skiable.

 

Comme d’habitude, voici la table des matières de cette série pour vous permettre de facilement naviguer entre les articles :

 

Public visé : niveau débutant à intermédiaire     Niveau débutant à intermédiaire

 

Apprendre à rider facile plutôt que vite


Au fur et à mesure de votre progression sur des pentes modestes, vous avez pris de plus en plus de vitesse, non mécontent de pouvoir enfin profiter de cette grisante et folle sensation de glisse que vous recherchiez depuis vos débuts. Vous vous êtes aventurés hors des pistes parfaitement damées de début de matinée, jusqu’à tenter de maintenir le cap à grande vitesse dans des neiges plus remuées.

L’étape suivante pour progresser va à contre-courant. Ce n’est pas vraiment ce qu’on a envie d’entendre à ce moment de son aventure dans le monde du snowboard, mais c’est pourtant un investissement qui va très rapidemment montrer ses bénéfices.

Il s’agit donc de rider en totale relaxation plutôt qu’essayer à tout prix de passer partout aussi vite que possible. Cela ne veut pas dire rider lentement en se concentrant à 100% sur sa technique, mais plutôt tenter de fournir le moins d’efforts possible pour descendre une pente. Bien entendu, cette limitation des efforts passe par une pureté du mouvement qui va nécessiter une bonne technique.

“Votre technique va énormément progresser.”

Les bénéfices sont immenses. Le premier d’entre eux, c’est que vous allez beaucoup moins vous fatiguer tout au long de la journée. Il vous sera ainsi possible d’en profiter plus longtemps, en limitant le risque de blessure. Surtout, en conservant votre énergie, vous serez au moment où c’est réellement indispensable capables de fournir une dose d’explosivité bien supérieure.

Ensuite, votre technique va énormément progresser. Comme vous avez pu le lire dans la partie précédente sur l’apprentissage de ses premiers virages, être décontracté et avoir une posture neutre sur sa planche est extrêmement important. Rider relâché vous oblige à supprimer tous les mouvements inutiles, les tensions musculaires qui viennent parasiter votre technique pour compenser ses faiblesses.

Savoir rider sans dépenser d’énergie est un vrai atout à développer. C’est ce qui vous permettra de passer partout sans effort, de terminer une longue journée par un mur à 35° sans craindre la blessure.

 

L’engagement, incontournable pour surmonter les points de blocage


Nos réflexes primaires ont maintenu l’humanité en vie depuis maintenant pas mal de temps. Ne pas sauter d’une falaise, éviter le danger, ce sont des réflexes naturels qui fonctionnent plutôt bien pour éviter une fin d’existence anticipée. Le hic, c’est que dans tout sport de glisse, il faut à un moment faire fi de ces réflexes naturels pour progresser. Il en va de même pour le snowboard.

Vous vous souvenez de vos premiers virages sur faible pente ? Déjà à l’époque, il y a de fortes chances pour vous vous soyez penché en arrière au moment de tourner, car la prise de vitesse dans la pente vous faisait peur. Vous aviez peur de perdre le contrôle, de prendre davantage de vitesse, de ne plus pouvoir vous arrêter. Et pourtant, la bonne technique était de vous pencher davantage vers l’avant, charger cette jambe, et laisser la planche pivoter autour. C’était contre-intuitif, mais les lois de la physique ne tombent parfois sous le sens qu’une fois qu’on les a mises à l’épreuve.

Aujourd’hui, vous souriez sans-doute en pensant à des pentes qui vous effrayaient encore il y a quelques journées de ride mais auxquelles vous ne prêtez même plus attention maintenant. Ce qui vous semblait probablement être une mauvaise idée alors semble couler de source maintenant.

“Aborder les pentes les plus raides va mettre à l’épreuve votre capacité à faire preuve d’engagement plutôt qu’être retenu par vos peurs”

Bref, vous allez tout au long de votre progression être confronté à ce genre de situation : garder de la vitesse dans un couloir pour éviter de vous faire rattraper par les petites coulées, prendre une petite barre avec assez de vitesse pour la franchir plutôt que rester bloqué ou encore tirer tout droit en ayant repéré une zone en aval qui vous permettra de perdre la vitesse emmagasinée plutôt que perdre le contrôle en essayant de ralentir à tout prix.

Aborder les pentes les plus raides va mettre à l’épreuve votre capacité à faire preuve d’engagement plutôt qu’être retenu par vos peurs. Attention, engager ne veut pas dire poser son cerveau et rider en mode YOLO pour finir dans un lit d’hôpital parce qu’on a surestimé ses capacités. C’est au contraire reconnaitre une situation inconfortable, nouvelle ou qu’on ne maitrise pas totalement tout en ayant borné le risque et adopté les mesures nécessaires pour le limiter au maximum.

Bref, tout ça c’est beaucoup de blabla, notamment parce qu’engager ne veut pas dire la même chose selon que vous soyez un champion de freeride qui va tracer en ligne droite dans un couloir avant de poser son backflip au-dessus d’une barre ou que vous appreniez le snowboard et avez juste besoin de surmonter votre instinct naturel pour vous engager dans la pente. Sans plus tarder, passons donc à l’aspect technique pur.

 

Rester perpendiculaire à la pente, la clé de la réussite


Dans l’immense majorité des cas, les problèmes rencontrés face à des pentes un peu raides ne sont pas causés par un manque de technique à proprement parler. Après avoir lu la section précédente, vous vous doutez de mes prochains mots. Très souvent, c’est parce que le pente intimide que l’on reste trop en arrière et qu’il nous semble impossible de compléter un virage. Pourtant, arrivé à ce stade, vous savez comment tourner, et cette technique de base peut à 100% vous permettre de vous en sortir quand la pente s’accentue.

Nous verrons un peu plus loin quelques notions avancées, mais la clé pour progresser dans ce secteur est de rester perpendiculaire à la pente, ne pas hésiter à charger l’avant de la planche, accepter de prendre un peu de vitesse pour qu’elle pivote ensuite facilement avec un pied arrière léger. En un mot, il ne faut pas hésiter à se jeter dans la pente.

C’est à ce moment que la notion d’engagement entre en jeu. Oui, votre première noire va certainement paraitre intimidante. Vous allez tout faire pour éviter la chute, de peur qu’elle ne vous emmène jusqu’en bas de la pente sur les fesses ou que vous partiez en avant. Et c’est bien le problème ! En faisant tout pour ne pas tomber, vous êtes sur la défensive, et pas du tout dans l’optique de compléter un virage après l’autre.

Le comble dans tout cela, c’est sans doute que la chute dans une pente importante est bien moins douloureuse que sur le plat. L’impact est plus faible car l’inclinaison de la pente converti une partie de cette energie en vitesse, jusqu’à ce que la neige vous ralentisse. Le seul vrai risque au final se niche dans les pentes verglacées, dans lesquelles il va être difficile de vous arrêter après la chute. Nous allons donc voir immédiatement quelle attitude adopter si vous êtes pris dans ce type de situation.

 

Mettre fin à une glissade incontrôlée


C’est une peur importante quand on s’attaque à des pentes un peu raides, et connaitre l’attitude à adopter lorsqu’on se met à dévaler une pente sur les fesses en continuant à emmagasiner de la vitesse est une bonne chose. Dans le meilleur des cas cela peut vous éviter un tour de bobsleigh jusqu’en bas d’une piste, dans le pire vous permettre de ne pas finir au pied d’une barre rocheuse en hors-piste.

De manière générale, le premier point est de ne pas essayer de se rattraper avec ses mains, ce qui est un reflexe naturel, mais avec ses pieds. La planche de plus d’un mètre et demi accrochée à vos jambes est bien plus efficace pour vous faire perdre de la vitesse que planter vos gants dans la neige, surtout si elle est verglacée. Votre but principal dans cette situation délicate est de vous remettre sur vos pieds pour reprendre le contrôle. Voyons ensemble plusieurs situations.

“Utiliser sa vitesse lors d’une chute pour se remettre debout facilement devient rapidemment un automatisme en snowboard.”

Premier cas, vous tombez en carre back, sur les fesses. Avantage, vous voyez où vous allez. Inconvénient, c’est la carre sur laquelle vous avez le moins de contrôle. Essayez de vous relever, utilisez la planche pour perdre de la vitesse, mais n’hésitez pas à rouler sur le côté pour passer en carre front si nécessaire. Si la pente est très verglacée, la prise de vitesse est rapide, et même si vous ne parvenez pas à totalement maitriser la situation, une descente semi-contrôlée est possible en carre front, quitte à poser une main, alors que la gestion de l’équilibre sur votre carre back est extrêmement difficile.

Deuxième cas, vous tombez en carre front, sur les genoux. Avantage : c’est là que vous avez le plus de contrôle et que vous pouvez le plus facilement perdre de la vitesse. Inconvénient : ce n’est pas très confortable et vous ne savez pas ce qui se passe en dessous de vous. Vous pouvez facilement vous relever à partir de cette position, pensez-y plutôt que compter sur vos réflexes qui consistent à essayer de vous arrêter à l’aide de vos bras.

Troisième cas enfin, vous tombez et finissez la tête en bas. Cette situation est très inconfortable. Point bonus, si vous êtes sur le ventre vous pouvez vous étouffer en gobant la neige tout au long de votre descente. Sympa, non ? Que vous soyez sur le dos ou sur le ventre, il vous est impossible d’agir efficacement dans cette position. Faites une roulade au plus vite pour vous retrouver avec la planche en dessous de vous. Avec votre vitesse vous allez potentiellement faire un roulé-boulé, ce qui ne peut qu’améliorer votre situation et vous faire perdre de la vitesse au passage.

Vous vous en êtes sans doute déjà rendu compte, utiliser sa vitesse lors d’une chute pour se remettre debout facilement devient rapidemment un automatisme en snowboard.

 

Garder le contrôle dans la pente raide et rider dynamique


Vraiment maitriser une pente à fort gradient est différent de la subir. Si la pente est suffisament importante (et selon la qualité de la neige), il peut s’avérer difficile de perdre de la vitesse à chaque virage, ce qui peut transformer une descente en dérapages sur une carre entrecoupés d’un changement de carre rapide.

Et dans certains cas, il est impossible d’y couper. La pente est juste trop importante, ou la neige trop dure, et la descente ressemble plus à une chute verticale maitrisée qu’à une belle trace en poudreuse. Parfois, c’est aussi le but recherché et j’ai quelques souvenirs mémorables de pistes noires en neige dure damées à la perfection en fin de saison qui se prêtaient magnifiquement à cette chute maitrisée et sans efforts. Mais, même dans cette situation, il est indispensable d’être en mesure de pouvoir s’arrêter si nécessaire.

Il y a donc quelques astuces pour optimiser la perte de vitesse à chaque virage, améliorer sa maitrise de la pente, et rider plus zen.

Le premier axe à rechercher est logique et coule de source : tourner plus serré. Plus vous êtes capable de virer sec, moins vous engrangez de vitesse. N’hésitez pas à relire mon article sur les virages de base pour revoir certains mouvements essentiels comme la torsion de la planche, qui s’avère très utile pour tourner en prenant un minimum de place. La contre-rotation et son mouvement d’essuie-glace s’avèrent particulièrement utiles en pente forte. La technique permet beaucoup de précision dans le placement et là encore des virages très courts. Enfin, nous allons voir juste après la technique ultime pour tourner dans un mouchoir de poche : le virage sauté.

Le deuxième axe est votre attitude, l’attaque de la neige et l’utilisation du placement dynamique de la planche. Oui bon OK, j’ai utilisé des mots un peu pompeux tout simplement parce que le sujet n’est pas des plus faciles à développer.

“Maitriser une pente à fort gradient est différent de la subir.”

Prenons dans une pente à 35° un premier rideur, que nous appellerons… Rideur A. Très créatif, je sais. Rideur A n’a aucun problème à enchainer les virages, mais a une attitude neutre et non pas dynamique sur la planche. Il absorbe les irrégularités de la pente mais ses virages ne sont qu’un simple changement de carre. Rideur A va perdre peu de vitesse entre chaque virage parce qu’il ne met aucune pression supplémentaire sur sa planche. Il se retrouve dans la situation de “chute maitrisée” que je décrivais plus tôt.

Rideur B est lui très dynamique. Il ride assez fléchi, et en terminant chaque virage, il renvoie rapidemment son poids vers l’arrière pour être centré sur la planche et pouvoir s’appuyer sur ses deux pieds en se redressant. Puis il laisse la planche remonter en enchainant sur le virage suivant.

C’est ce rythme dynamique qui permet à Rideur B de garder davantage de maitrise sur sa vitesse que Rideur A. C’est l’attitude à adopter si vous voulez garder un maximum de contrôle. Restez légers en entrée de virage, puis enchainez avec de brefs appuis prononcés à la fin de chacun d’entre eux. Ne prenez pas le virage comme un simple changement de carre mais comme l’occasion de charger votre planche pour prendre un appui prononcé qui va influer sur votre course et votre vitesse. L’idée est vraiment d’être léger sur la planche en entrée de virage, et lourd en sortie. Utilisez l’effet de rebond à chaque sortie de virage pour entrer dans le suivant et enchainez rapidemment les virages plutôt que vous laisser glisser sur une carre.

Enfin, comme énoncé dans mon article précédent, utilisez vos genoux pour tourner plus serré ou au contraire gagner stabilité. Dans le premier cas on cherche à les rapprocher pour réduire le rayon de courbe de la planche, dnas le second on va plutôt les écarter.

 

Le virage sauté


On termine avec le virage sauté, qui n’est que le prolongement naturel de ce qu’on a vu jusqu’à maintenant. On peut le diviser en deux catégories. Celui où l’on va uniquement décoller l’arrière de la planche pour la faire pivoter très sec, et celui où l’on fait réellement un 180° sur place ou presque.

Cette seconde version est à réserver aux pentes très raides, aux couloirs très étroits dans lesquels on dispose de peu de place pour évoluer et où l’on a pas le droit à l’erreur, ou quand pour une raison ou une autre on a besoin de repartir dans l’autre sens. Bref, vous l’aurez compris, le 180° sauté est à réserver à des conditions particulières en hors-piste et est un dernier recours. Je m’auto-flagelle des heures durant quand je me surprends à l’utiliser inutilement.

Au niveau technique, rien d’exceptionnel, il suffit d’une petite impulsion comme sur l’appel d’une bosse pour faire décoller la planche un court instant. On y rajoute une rotation du buste, la planche suit, pesez c’est réglé. Essayez d’être le plus souple possible sur la réception pour éviter de mettre trop de pression sur le manteau neigeux en hors-piste, cette technique est particulièrement peu recommandable sur les pentes à risque.

La première forme de virage sauté n’est que la continuation de notre technique de base qui consiste à alléger le pied arrière, et à laquelle on mixe l’attitude dynamique décrite dans le paragraphe précédent. On finit par faire décoller complètement le tail, pas très haut mais suffisament pour le dégager et tourner ultra court. Attention cependant, cette technique est assez addictive et si vous n’y prenez garde vous allez finir par l’utiliser constamment en pente un peu difficile, alors que la priorité devrait être de rester au maximum au contact de la neige.

 

Le mot de la fin


Rider avec succès les pistes les plus pentues est autant psychologique que technique. Mais une fois que vous les maitrisez tout en gardant votre calme, un nouveau monde s’offre à vous.

Il faut aussi garder en tête que la notion de pente forte est très relative. La qualité de la neige joue énormément sur les défis qu’offrent une pente à l’inclinaison importante. En poudreuse, on prend peu de vitesse et il est possible de jouer avec le manteau neigeux sur un axe supplémentaire : la pente est souvent beaucoup moins impressionante et facile à sous-estimer. Vous pouvez consulter mon guide sur le snowboard en poudreuse pour en savoir plus sur ce cas particulier. Si la pente est verglacée, la prudence est de mise dès que ça commence à pencher sérieusement.

Bref, j’espère que cet article vous aura aidé à progresser dans ce domaine !

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Bon ride !

 


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Sébastien

Papa de Glisse Alpine et homme à tout faire depuis 2016. Rideur. Editeur. Photographe. Développeur. SysAdmin. Web Perf. SEO. Marketing. Café.

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