Topo Bikepark – Les 7 Laux, perle de Belledonne
Atypique s’il en est, le terrain de jeu des Sept Laux est l’antithèse du bikepark alpin comme on l’imagine. Myriade de remontées, tracés ultra-rapides, tables et virages relevés tous les vingt mètres, nuées de touristes étrangers et grands espaces totalement ouverts : aux Sept Laux, rien de tout ça !
Qu’est-ce qui fait alors de cette station située à quelques pas de Grenoble une petite pépite ? Réponse dans les lignes qui suivent…
7 Laux : la station grenobloise emblématique
Tignes, Les Gets, Les 2 Alpes : perchés à plus de 2000m, les gros bikeparks alpins offrent une expérience bien différente du ride de tous les jours pour beaucoup d’entre nous. A Tignes, kangooride nous emmène dans de véritables tranchées où certains virages sont relevés quasiment à la verticale. Aux 2 Alpes, Lilith et Diable offrent des enchainements de tables rêvés pour enquiller ses premiers sauts en toute sécurité à une fréquence démentielle.
Mais parfois, après avoir écumé longuement les autoroutes entrecoupées de braking bumps meurtriers avant chaque virage, une envie de retourner à des tracés plus naturels se fait sentir. C’est à ce moment qu’on apprécie un domaine comme celui des 7 Laux à sa juste valeur.
Les 7 Laux, c’est un peu une station familliale au format XXL. Elle a mûrement choisi ses investissements en privilégiant l’essentiel, soit des remontées performantes et bien pensées, et en délaissant l’accessoire : point de carte pour votre forfait, le bon vieux système de la feuille collante sur support métallique est toujours d’actualité. Cet été, elle se dote enfin de godets sur les télésièges pour mettre fin à des années d’un anachronisme saisissant.
Pour autant, la technologie est quand même passée par là, et l’hiver vous pouvez commander votre forfait à l’avance sur internet, scanner sur place le QR Code reçu grâce à une borne, et l’imprimer directement, en bénéficiant au passage d’une remise.
Plusieurs atouts en font la station privilégiée des grenoblois l’hiver : des tarifs raisonnables, une diversité entre pistes plus ou moins accessibles, un domaine hors-piste (malheureusement pris d’assaut dès le moindre flocon) qui rassemble sur un seul site couloirs et sapins, et une facilité d’accès certaine depuis toute la vallée du Grésivaudan. L’été, elle rassemble également un public très local, ce qui explique une relative quiétude durant la semaine.
La station met néanmoins tout en oeuvre pour ouvrir aussi souvent que possible. Si les conditions d’enneigements de plus en plus difficiles mettent à mal son activité hivernale, l’ouverture pour le DH le week-end après la fin des deux mois d’été se poursuit souvent tard dans l’année, bien après la venue de l’automne, jusqu’aux premières neiges. C’est une opportunité exceptionnelle pour continuer à rouler, alors que les gros domaines alpins dont l’activité est basée sur le tourisme national et international ferment fin août, à l’issue des vacances scolaires.
Mais là où la station peut compter sur un large public l’hiver pour entretenir son domaine, la faible fréquentation l’été pose le même problème qu’aux autres moyennes stations locales. Les pistes de DH demandent un entretien régulier, et l’ouverture de nouveaux tracés un travail conséquent. L’atout majeur des 7 Laux, c’est l’implication des Pieds à Terre, l’association de bénévoles créée en 2009 qui s’occupe de tout le shape du domaine. C’est grâce à eux que le bikepark survit et se développe, pour notre plus grand bonheur !
Dans les faits, bien qu’on puisse déplorer l’érosion rapide de certaines pistes les plus abordables et “flowy” après le lancement de la saison, l’accent mis sur le shape de tracés naturels et engagés en font presque une feature. Si les braking bumps sont de manière générale une épine dans le pied des pistes rapides à virages relevés, quelques trous supplémentaires entre les labyrinthes de racines par 60% de pente sur certains tronçons de pistes noires ne font que relever le challenge !
Le domaine
C’est donc affublé du disgracieux forfait, collée de manière la plus aérodynamique possible sur une gaine de frein que peuvent commencer les premiers tours de roues.
L’ouverture des remontées à Prapoutel varient selon les jours de la semaine. La principale, le TS Chamois, emmène à près de 2000m, et est ouverte en été tous les jours sauf les lundis et vendredis. C’est alors Bouquetins qui prend le relais pour remonter au carrefour des cortillets, seulement 300 mètres plus haut que Prapoutel, qui culmine à 1350m. On pourrait donc penser que ces deux journées sont à éviter, mais rien n’est moins vrai, comme nous le verrons par la suite.
Le bikepark peut grosso-modo se diviser en deux parties. Le haut est rocheux, la végétation rare et la terre plutôt fuyante. Le bas, qui fait la part belle aux racines et aux sapins en sous-bois, s’avère être un terrain de jeu exceptionnel.
Un dernier point important avant de passer aux pistes : malgré l’ouverture de tracés “faciles”, le domaine des 7 Laux est relativement inadapté aux débutants. Là où des pistes comme Smoothie à Tignes permettent à celle ou celui qui monte pour la première fois sur un vrai VTT de débuter en douceur, ou que d’autres stations font carrément passer leur itinéraires débutants sur des pistes 4×4, l’intérêt des 7 Laux réside finalement dans le terrain naturel exploité par les Pieds à Terre pour nous offrir de superbes traces.
Là où une rouge sur la plupart des grands domaines vous semblera facile en passant par les chicken lines et fera plus travailler vos suspensions sur les braking bumps avant chaque virage relevé qu’à aucun autre endroit, le même niveau de difficulté aux 7 Laux vous jettera avec fracas dans un entrelacement de racines en ambuscade qui n’attendent qu’une erreur de trajectoire de votre part pour vous faire sortir de la piste à la faveur d’un dévers meurtrier.
Pistes vertes et bleues : Jasse, Bel Dina, Or’Anjina
Pour son premier niveau de difficulté, le Bikepark des Sept Laux comporte une piste verte, Or’Anjina et deux pistes bleues : Jasse et Bel Dina.
Jasse est d’ailleurs le passage obligé lorsqu’on descend du TS Chamois. Piste bleue qui descend jusqu’au carrefour des Cortillets, son intérêt est somme toute assez limité. La première partie de la trace permet une descente rapide avec virages relevés, typique des gros bikeparks. Seul hic, la piste a souffert à cet endroit, et certaines zones de freinage comportent des brakings bumps taille XX(X)L. Après une ligne droite assez raide qu’il est possible d’éviter par la gauche, la trace rejoint la piste d’accès 4×4 quasiment jusqu’au carrefour suivant, avec un bref passage dans les cailloux en cours de chemin. Elle continue ensuite jusqu’au carrefour des Cortillets à travers les bois, où elle se révèle plus intéressante.
Il est alors possible à cet endroit de bifurquer sur Bel Dina ou Or’Anjina. Ne vous laissez pas tromper par la couleur d’Or’Anjina : si la pente reste faible, son chemin en sous bois passe par moult racines, cailloux et autres joyeusetés capables de faire passer un mauvais quart d’heure à celles et ceux qui s’imaginent cruiser sur une piste lisse.
S’il est difficile de prendre de la vitesse dans les premiers virages d’Or’Anjina, la deuxième partie se révèle plus intéressante, avec sur la fin quelques virages surprenants aux appuis parfois précaires. Il est réellement possible de se faire plaisir sur ce tracé en lâchant les freins. L’épilogue une fois arrivé à la bifurcation avec Hard’Oisière est cependant sans grand intérêt et n’est qu’un retour station un peu amélioré.
Bel Dina est du même acabit. Le départ donne le ton avec un passage sur racines qui mettra vos appuis à l’épreuve. On commence à trouver un choix de trajectoires intéressant, quelques virages relevés dont un en bois qui décoiffe après une arrivée à pleine balle, et un ou deux drops sympathiques. Un enchainement de berms conclue la descente après avoir traversé le chemin d’accès. La pente reste là encore contenue, et certains passages sont une bonne occasion de travailler sa conservation de vitesse.
Pistes rouges : Crête, Hard’Oisière, Cortillets, Marron
On entre dans le vif du sujet avec les pistes rouges du domaine. Crête, qui démarre en bifurquant à gauche depuis Jasse après le lac éponyme, est au départ plutôt décevante. Beaucoup de (gros) cailloux sur la partie haute, avant d’arriver dans du plus serré et rattraper Hard’Oisière. Cette dernière s’engage sur un terrain assez défoncé avec des parties sur cailloux et racines. Cette trace à tendance enduro est cependant une favorite de pas mal de riders avec ses virages serrés sur une piste étroite.
Marron, située à l’autre bout du bikepark est bien différente. La piste est plutôt en bon état mais manque à mon goût d’un petit quelque chose pour réellement se démarquer. Un peu de pentu, de technique, de racines et quelques beaux drops en font néanmoins un solide entrainement avant d’attaquer sa grande soeur Bloody Roots. Le final partage d’ailleurs avec cette dernière et Absinthe les trois drops frappés de l’emblème des Pieds à Terre qui donnent sur l’arrivée de Prapoutel.
Enfin, j’ai gardé le meilleur pour la fin : Cortillets, probablement ma piste préférée sur le domaine. De la racine, dont une portion en dévers, des virages relevés dont certains sur module, des drops dont certains en mode huck to flat, un superbe drop par dessus une souche et des choix de lignes multiples en font un tracé très fun sur lequel il est particulièrement agréable de se tirer la bourre.
Des chicken lines sont présentes un peu partout pour ceux qui préfèrent rester sage. La fin de la descente peut se faire soit par Mini Shores en sous-bois dans le serré (moyennement adapté aux double tés et cintres larges !), soit par Mini Cross, le seul tronçon typique d’un bikepark classique, avec son mini gap jump, quelques grands virages relevés assez glissants et deux tables qui précèdent un saut dirt-style.
Pistes noires : Bloody Rocks, Bloody Roots, Chèvre Shore
Envie de tirer droit dans le pentu ? Aux 7 Laux les noires sont l’occasion de se mettre à l’épreuve dans du technique qui penche fort !
L’entrée de Bloody Rocks se situe sur la droite de Jasse après la partie en virages relevés. Le début de la trace est trompeuse : si elle semble facile sur les premiers mètres, tout se complique ensuite. Ca penche fort et le terrain meuble et fuyant ne fournit qu’un grip limité. Bien choisir ses zones de freinage et doser ce dernier s’avèrent indispensable pour rester sur le vélo.
Bloody Rocks se transforme ensuite en… Bloody Roots ! Une superbe piste qui comme vous l’aurez deviné s’enfonce en forêt dans les racines pas très loin de Marron.
Chèvre Shore descend quant à elle sous le TS Bouquetins, en fôret également. Si les premiers hectomètres passent bien, c’est peut-être sur cette piste que se trouvent les passages les plus pentus une fois passé la moitié de la descente, même si le grip supérieur à Bloody Rocks permet de contrôler plus facilement le vélo. Attention une fois arrivé à la fin, le module qui s’apparente à un drop peut être enroulé, en revanche une cloture à peine visible l’entoure et il n’est donc pas possible de l’éviter, contrairement à ce qu’on pourrait penser en arrivant dessus la première fois. Après un dernier drop à droite ou la chicken line de gauche, il est possible d’enchainer sur Mini Cross pour terminer la descente.
TS Chamois vs Bouquetins : quel accès aux pistes ?
Si Chamois permet d’accéder à toutes les pistes en redescendant par Jasse, cette dernière est dans l’absolu assez inintéressante par rapport à ce que la moitié inférieure du domaine propose. Quand c’est possible, la question du choix de sa journée selon les remontées actives se pose donc réellement.
D’autant plus que Chamois jouit d’une vitesse ascensionelle absolue assez réduite quand on considère que la première moitié en dent de scie ne permet de gagner que très peu d’altitude tandis que Bouquetins remonte en quelques minutes au carrefour des Cortillets.
On peut alors directement enchainer à droite sur 4 pistes de couleur différente : Or’Anjina, Bel Dina, Cortillets et Chève Shore, soit une belle brochette des pistes les plus intéressantes du domaine. Le chemin piéton qui surplombe le départ de Bel Dina permet aussi de repiquer sur Hard’Oisière ou Psycho Pat moyennant quelques minutes d’efforts.
A gauche, il ne faut parcourir que quelques mètres pour rejoindre Bloody Roots, et Marron un peu plus loin.
La vitesse de rotation via Bouquetins permet donc d’enchainer un maximum de descentes en une journée, tout en évitant les passages assez ennuyeux sur Jasse. On y gagne en temps de fun sur le vélo, au prix d’une diversité un peu réduite, à relativiser quand on considère que descendre du sommet impose de systématiquement emprunter Jasse ou Bloody Rocks.
Ceux qui veulent maximiser leur temps sur le vélo choisiront donc plutôt les lundis et vendredis, tandis qu’explorer toutes les options qu’offrent la station se fera plutôt les autres jours de la semaine.
Conclusion
Vous l’aurez compris, le bikepark des 7 Laux vaut largement une visite, voir deux, voir carrément un abonnement à la saison. Disponible pour moins de 130€ (85€ si vous avez un forfait hiver de la saison dernière), et quand on considère l’ouverture le week-end à l’automne, c’est, à moins d’habiter à côté de Tignes dont l’accès au domaine est gratuit, une option imbattable pour avoir accès à un bikepark pendant une bonne partie de l’année. Je vous conseille d’ailleurs à ce sujet de lire mon article Les 7 Laux à l’automne pour en apprendre davantage sur le bikepark à cette saison et ses secret spots.
Il est en tous cas une option sérieuse à considérer si l’on souhaite s’éloigner des tracés très rapides et aériens des grosses stations pour privilégier le technique en sous-bois, sans pour autant tomber dans les singletracks très serrés des tracés enduro qui sont en plein boom depuis quelques années. Cela étant dit, les 7 Laux proposent aussi régulièrement de s’envoyer en l’air, notamment sur Absinthe, la piste élite du domaine.
C’est donc une station que je ne peux que recommander chaudement. Dans le même genre au niveau local, elle se classe pour moi devant l’Arzelier qui pâtit d’une unique remontée asthmatique et d’un domaine intéressant mais bien plus petit. Elle surclasse également Villard de Lans, au shape inférieur tant sur le plan qualitatif que quantitatif.
Vous avez aimé cet article ? Faites le savoir juste en dessous dans les commentaires ou avec un like sur la page Facebook de Glisse Alpine !
Besoin de plus d’informations ? Posez vos questions dans les commentaires !
Dans ce guide gratuit d'une dizaine de pages, je vous explique comment déchiffrer l'offre actuelle et choisir les meilleurs pneus VTT pour votre pratique.
Gomme, carcasse ou encore dessin n'auront plus de secret pour vous, et une sélection des grands classiques du pneu de vélo de montagne vous permettra de partir sur des bases sûres !
Super ! Ça donne envie de tester cette station !
L’idée que je m’en fais après ton article ressemble assez a ce que l’on trouve a la Bresse dans les Vosges.
Un beau mélange de naturel et de piste shappé, de quoi faire plaisir a tout le monde.
Et cela malgré une taille de domaine peu élevé, ainsi qu’un nombre réduit de pistes.
Salut Mykado !
Je ne connais pas La Bresse, mais en effet, la qualité du shape aux 7 Laux fait que chaque piste a une identité forte et apporte une diversité que bien des domaines d’envergure sont incapables d’égaler.
Hello!
Je suis en vacances à Prapoutel et je te rejoins sur ton avis, le bike park est vraiment top! Par contre c’est vrai que même l’Oranjina est un peu technique pour quelqu’un qui n’est pas si simple pour une verte, ma femme qui commence à prendre un peu confiance n’a pas franchement aimé ^^. Direct du sous-bois avec racines et virages serrés. En fait t’as raison, pratiquement tout se passe en sous bois et la partie la plus haute est pas hyper bien exploitée. J’ai fait 2 autres petites stations comme la Super Besse en Auvergne ou bien la Morte pas très loin d’ici, il y a des longs tracés aériens avec beaucoup de tables pour s’entrainer à sauter, ce qui manque un peu ici je trouve.
En tout cas pour du pilotage pur et dur il y a vraiment de quoi faire, j’ai adoré la Cortillet et Bloody roots! J’aimerai reussir à passer le drop final avec l’emblême mais je le sens pas encore, blocage psychologique… Heureusement, il reste le prapouta burger servi avec une grosse pinte pour se consoler…
Salut Pierre,
Sur le haut il y a plus d’options qu’avant avec la piste qui part en face du télésiège mais c’est vrai que c’est pas fou non plus même si sous le lac la section toboggan est très sympa. Cette partie doit pas être facile à travailler vu le terrain. J’avoue qu’une ligne très aérienne viendrait compléter le tableau avec brio.
Ce que tu appelles La Morte c’est le bikepark de l’Alpe du Grand Serre ? J’y étais samedi dernier, c’est en effet quasiment l’opposé avec des pistes lisses, du virage relevé et de la table à gogo.
Et oui, la pinte c’est obligatoire ! 🙂