Comment choisir son casque VTT
Premier équipement de sécurité, le casque est l’accessoire dont le prix d’acquisition est le plus variable. De 10€ chez Décathlon pour un simple bout de polystyrène à plus de 400€ pour un casque de DH carbone chez les grandes marques. Même pour un simple casque bol, on trouve des modèles à plus de 150€ chez certains fabricants. Pourquoi tant d’écarts de prix, comment trouver la meilleure protection pour sa pratique sans se ruiner, que valent les nouvelles technologies mises en avant à grands renforts de marketing ? Réponse dans cet article.
Un casque pour se protéger, mais de quoi exactement ?
Les dangers d’un impact subit lors d’une chute peuvent être classés en deux catégories. Celui qui vient en premier à l’esprit, c’est la vulnérabilité de votre tête face au terrain et les conséquences d’un impact direct. Pas besoin de faire de dessin pour se rendre compte qu’un impact même à faible vitesse sur un rocher peut entraîner de très sérieuses conséquences si votre crâne n’est pas protégée.
Le second, auquel on ne pense pas forcément autant, c’est celui de la commotion cérébrale. Depuis quelques années, le sujet occupe une place grandissante au sein de la communauté, et même au delà de notre sport, ce qui est une excellente chose. On le voit en rugby, avec les fameux protocoles commotion, on le voit dans les sports de combat avec le retrait des casques de “protection” en boxe aux JO depuis 2016, et on le voit maintenant en VTT avec une presse spécialisée qui se fait davantage le relais de cas dont on ne parlait pas avant, ainsi qu’une poussée de certains fabricants pour apporter des solutions nouvelles, même si l’utilité de ces dernières font encore débat.
La commotion cérébrale est le danger le moins visible mais le plus sévère, tant ses conséquences sur le court, moyen et long terme sont importantes et les moyens de s’en protéger déficients. Il est relativement facile de concevoir un casque qui protège contre les conséquences d’un impact sur la structure osseuse du crâne, il est en revanche beaucoup plus compliqué d’amortir un choc qui vous fait passer instantanément de 40 à 0km/h. La décélération brutale qui viens faire jouer des maracas à votre matière grise contre votre boite crânienne est l’ennemi à abattre et le focus principal des marques pour réduire les conséquences de ces impacts.
Enfin, on va le voir au fil de cet article, le bond en terme de performances qu’a connu le VTT depuis une dizaine d’années a poussé au développement de protections toujours plus efficaces et enveloppantes, ce qui permet aujourd’hui d’accéder à des casques adaptés à la randonnée qui protègent non seulement le crâne, mais également la mâchoire et le reste de votre visage.
Structure d’un casque VTT
De manière générale, tous les modèles sont plus ou moins conçus sur le même principe. Le rempart principal qui protège votre crâne en cas d’impact, c’est la structure en polystyrène ou EPS qui lui donne son volume. Cette matière ultra légère se compresse lors d’un impact, ce qui a deux effets. D’une part, elle diffuse l’impact sur une zone plus large, d’autre part elle amortit cet impact. On retrouve là une réponse à chacun des risques présentés plus haut.
Fort logiquement, selon la discipline pratiquée, on trouve une construction légèrement différente. A un extrême du spectre, en cross-country, la recherche de casques légers et aérés pour évoluer sur des terrains relativement peu agressifs favorise les aérations et une coque externe très légère. A l’autre extrême, en descente, on recherche la protection maximale sans trop se soucier des contraintes évacuation de la chaleur : les casques sont plus lourd, beaucoup plus enveloppants, les aérations plus petites, des mousses internes améliorent le confort et l’ajustement du casque tandis qu’on trouve une vraie coque externe.
Protection, ventilation, confort, ajustabilité, poids
Voilà cinq paramètres à prendre en compte lors de votre achat. L’optimisation de ces cinq qualités va de paire avec une montée en gamme. Un casque bol à 10€ aura une protection minimaliste, une ventilation basique, un confort réduit, peu de possibilités pour l’ajuster aux spécificités de votre tête. En montant en gamme, on trouvera une protection un peu mieux étudiée, une ventilation plus efficace, un confort renforcé et surtout la possibilité d’ajuster le fit, souvent via un système de harnais réglable avec une molette.
Puisqu’on parle de protection, c’est le moment de faire un petit point sur la techno qui fait débat depuis son introduction il y a quelques années : MIPS.
MIPS, ou Multi-directional Impact Protection System (rien que ça), voir MIPS BPS pour Brain Protection System (alerte redondance) est un système qui a pour but de conférer au casque une certaine liberté de mouvement sur la tête afin de pivoter lors de l’impact. L’idée derrière ce principe est d’éliminer tout ou partie du mouvement de rotation entrainé par un impact et qui va amplifier le traumatisme subit.
Pas mal de fabricants ayant intégré cette technologie à certains de leurs modèles dont le prix a alors fait un bond non négligeable, cette dernière est souvent critiquée en mettant en avant le fait que le cuir chevelu n’est pas fixe sur le crâne et confère donc de base une liberté de mouvement à un casque fixé dessus.
Quoi qu’il en soit, vous pouvez trouver plus d’informations sur le site officiel de MIPS, même si à l’heure où j’écris ces lignes les liens vers leurs documents de R&D sont malheureusement morts…
Différents types de casques pour différents usages
On trouve aujourd’hui quatre grandes familles de casque destinés au VTT, du XC au DH.
La première, destinée avant-tout au cross-country, c’est celui dont on a l’habitude et qui constitue le standard au niveau casque de vélo. Très léger et très aéré, il fournit une protection basique.
On trouve ensuite un type de casque légèrement différent, spécialement adapté au VTT et pensé pour engager un petit peu plus. Plus enveloppant que le modèle de cross-country, il descend à l’arrière de la tête pour protéger le crâne des chutes en arrière, et on trouve souvent une visière à l’avant. C’est une très bonne option et la plus courante pour une utilisation VTT trail/AM.
Troisième type de casque, relativement nouveau, c’est l’intégral léger, convertible (avec mandibule détachable) ou non. On va s’attarder un peu plus longuement sur ce type de modèle, car il sort un peu des sentiers battus pour le non inité. Et ça tombe bien, parce qu’il a justement été développé pour sortir de ces sentiers… battus… bref.
L’intégral léger est le fruit du développement de l’enduro, discipline qui a eu et a toujours une influence forte sur le VTT et nos pratiques actuelles. Ce type de compétition qui consiste à enchainer les spéciales chronométrées en descente tout en les reliant à la force des mollets (bien que ce ne soit pas toujours entièrement le cas) a posé les premières années un dilemme aux compétiteurs.
Lors de ces descentes chronométrées engagées, il leur fallait une protection maximale, et les modèles de DH étaient alors tout indiqués. En revanche, entre chaque spéciale, c’est plusieurs centaines de mètres de dénivelé positif qu’il leur fallait à chaque fois remonter. Le casque de DH devenait alors insupportablement étouffant. Les rideurs qui voulaient rester raisonnablement protégés devaient alors emporter deux casques, un ouvert et un intégral, transportant le second sur leur sac quand il n’était pas utilisé.
Sont alors nés les casques intégraux à mandibule détachable. Il s’agit en fait, selon sa façon de voir les choses, d’un casque trail/AM auquel on peut ajouter une mandibule, ou un intégral qu’on peut séparer en deux. A la montée, on peut rouler avec la tête aérée en transportant la mandibule détachable sur son sac. Puis on la met en place en quelques secondes grâce à un système d’attache rapide, et on se retrouve avec un casque intégral, qui s’il n’atteint pas le niveau de protection d’un vrai intégral, constitue néanmoins un bond en avant par rapport au bol classique.
Bell a été l’un des premiers fabricants à investir ce marché avec son fameux Super 2R puis Super 3R, mais plusieurs marques sont maintenant présentes pour proposer des modèles concurrents et plus ou moins aggressifs, comme c’est le cas avec la nouvelle version Super DH ou le Giro Switchblade.
Face à ces casques à mandibule détachable, d’autres marques ont fait le choix de proposer un intégral dont la mandibule reste en place, mais en faisant appel à une ventilation très performante. C’est notamment le cas du Parachute de MET, dont vous pouvez lire mon test ici, ou de FOX avec son Proframe. Il faut d’ailleurs noter que l’idée d’ajouter une protection au niveau du visage n’a rien de nouveau pour MET, qui avait déjà commercialisé un modèle basique mais bien reçu en 2008 ou encore la première version du Switchblade de Giro en 1998, qui avait alors suscité bien moins d’engouement.
L’intérêt de l’intégral léger est facilement discernable quand on souhaite bénéficier du maximum de protection. Celui d’une mandibule détachable qui permet de convertir le casque en conservant le meilleur des deux mondes également. Cependant, la mandibule détachable est pour moi un peu piégeuse dans son utilisation pratique. Même s’il ne faut que quelques secondes pour la mettre en place, il faut justement quelques secondes pour la mettre en place. J’en parlais dans mon test du MET Parachute, j’ai pu constater sur le terrain ce que je craignais et qui m’a fait pencher pour une mandibule non détachable : sur une sortie classique courte avec plusieurs ascensions puis descentes, personne n’a envie de s’arrêter pour mettre en place la mandibule, puis s’arrêter à nouveau après une ou deux minutes de descente pour l’enlever et la ranger sur son sac. Et loi de murphy aidant, même en se contraignant à le faire, c’est le jour où vous vous dites que ça ne vaut pas le coup pour une si petite descente que le drame arrive.
Les cas d’usage d’un casque à mandibule détachable sont donc pour moi restreints. Le meilleur cas d’utilisation, c’est la sortie montagne pyramidale où l’on monte, on atteint le sommet, et on redescend. Une fois arrêté au sommet, pas de problème pour mettre en place la mandibule pendant qu’on admire le paysage, et une fois en bas, on est arrivé, c’est la fin de la sortie.
Dans les autres cas, je conseille plutôt l’intégral léger avec mandibule fixe, qui éradique le problème de savoir quand mettre la mandibule ou pas. L’autre avantage de ce type de casque, c’est qu’un travail très poussé est en général fait sur la ventilation. Ainsi, le Parachute est mieux aéré que le Super 2R avec sa mandibule en place.
On termine ce tour du propriétaire avec le dernier type de casque : celui dédié au DH. Lourd, mal aéré, mais avec beaucoup de protection et très confortable avec toutes ses mousses internes. Si vous ne faites que descendre, c’est celui à utiliser.
Un casque oui, mais à quel prix ?
On l’a vu au tout début de cet article, il y a un véritable fossé (ou road gap) au niveau prix entre les casques les plus abordables et ceux les plus dispendieux. Difficile donc de faire son choix, surtout quand il s’agit d’un tel équipement de sécurité. Outre la composante marketing/hype qui entre en compte dans le prix des produits, deux critères principaux sont à prendre en compte : les features et le niveau de protection.
Plus l’on monte en gamme, plus le casque aura tendance à être bien pensé, avec une meilleure aération, une meilleure ajustabilité, et ainsi de suite. En ce qui concerne la protection, c’est moins clair. Plusieurs standards existent et ils feront peut-être l’objet d’un futur article, car ils ne sont pas forcément des plus intuitifs.
Mais votre budget doit surtout aller de pair avec le type de casque que vous trouvez adapté à votre pratique, car c’est là que se font d’énormes gains en termes de protection. Pour du cross-country, il est relativement facile de trouver chaussure à son pied pour moins de 50€. Pour un casque trail/AM, beaucoup de modèles sont disponibles sous la barre des 100€, et même si certains dépassent les 150€, c’est à mon sens disproportionné. Pour ce prix, vous pouvez viser un intégral léger. Enfin, la variabilité est immense au niveau des casques de DH, allant grosso-modo de 60€ pour les plus basiques à 400€ pour les modèles full hype avec coque carbone.
Trouver un casque à sa taille
A l’ère de l’internet 6.0 (oui, on a arrêté de compter), nous sommes très nombreux à commander ultra majoritairement notre équipement en ligne. La plupart des shops en ligne proposent le retour gratuit, ce qui peut s’avérer très utile si vous privilégiez ce biais pour choisir votre casque. En effet, même si maintenant la quasi totalité des modèles sérieux permettent d’adapter le casque à votre tête au-delà de la simple taille que vous pouvez choisir en la mesurant, certains peuvent parfois poser problème. Il est par exemple de notoriété publique que les Super 2R étaient étroit au niveau des tempes, ce qui s’avérait gênant pour beaucoup.
Il est indispensable que votre casque soit adapté au niveau taille : pas assez serré et son efficacité décroit, trop serré et vous allez constamment souffrir le martyr. N’hésitez donc pas à faire un échange si vous n’êtes pas sûr.
Le mot de la fin
Devant la foultitude de modèles proposés, trouver un casque adapté à son budget est sa pratique peut sembler compliqué, mais en réalité on peut facilement réduire l’offre en se posant quelques questions simples, comme on l’a vu dans cet article.
Votre type de pratique va être déterminant, et Glisse Alpine étant avant tout un site dédié à une pratique un peu engagée du VTT, je ne saurais que trop vous conseiller de vous tourner vers l’un des nouveaux modèles d’intégral léger si vous vivez vous aussi pour les descentes endiablées. Après avoir subi et vu de mes propres yeux pas mal de chutes, il est futile de penser pouvoir se protéger au dernier moment de quelconque façon que ce soit et une chute bénigne peut facilement vous envoyer tête en avant manger la poussière… ou les cailloux.
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