VTT et évolution technologique, une époque révolue ?

Aujourd’hui je vous propose une petite réflexion sur la trajectoire que prend actuellement l’évolution du matériel VTT. Entre bonds de géant, évolution incrémentale, stratégies marketing et révolution électrique, c’est pour moi l’occasion de jeter quelques idées et constats dans le mix ambiant et prendre un peu de recul pour porter un regard détaché sur les évolutions passées et à venir du matos.

Bref, un sujet parfait pour clore une décennie riche en bouleversements, qui contraste habilement avec celui de la semaine dernière… ou pas.

 

La révolution, c’était avant


Le vélo de montagne s’est profondément transformé depuis dix ans. Plusieurs technologies disruptives (placement de mot à la mode inside) ont amené une rupture (pléonasme du jour, bonjour) fondamentale sur le marché, à tel point que le fossé entre un All-Mountain vendu en 2013 et un autre commercialisé en 2018 est gigantesque.

C’est côté cadre et géométries que la différence est la plus notable. L’avènement de la forward geometry, qui a poussé à l’allongement des cadres et des angles plus couchés sans toutefois compromettre de manière trop prononcée la maniabilité et la vivacité de la plupart des modèles, a totalement transformé le comportement de la majorité des vélos en quelques années. Les cockpits s’en sont vu bouleversés, adieu les potences de 10cm et les cintres rikiki. On roule aujourd’hui en XC des cintres plus grands que ceux montés sur les premières machines d’enduro.

“On roule aujourd’hui en XC des cintres plus grands que ceux montés sur les premières machines d’enduro.”

Si c’est dans ce domaine que le changement est le plus flagrant, c’est parce qu’il touche directement le comportement de la machine, ses capacités, et la facilité avec laquelle elle permet de tackler les descentes les plus effrayantes tout en continuant à assurer un pédalage efficace. Greffer des composants haut de gamme actuels sur un cadre de cette époque maintenant révolue n’y change pas grand-chose.

Côté composants, le bouleversement majeur vient de là où l’on ne s’y attendait pas, avec l’avènement de la tige de selle télescopique, devenue absolument incontournable malgré la pléthore de problèmes qui toucha, et touche encore, un nombre ahurissant de modèles. Qui aurait cru il y a 10 ans qu’il était possible de révolutionner ce sombre tube à la fonction si simple ?

Pourtant, si le déferlement de ces modèles est récent, la technologie sous-jacente ne l’est pas (on pourrait d’ailleurs arguer que le Gravity Dropper originel conçu au début du siècle reste plus fiable que les modèles les plus en vogue aujourd’hui), preuve s’il en est que nombre de bouleversements sont à la portée de la main. Quoi qu’il en soit, cet équipement a apporté un tournant fonctionnel majeur dans le domaine du vélo de montagne, si disruptif (et bim) qu’on ne saurait maintenant s’en passer. En 2013, seules de rares marques commençaient à proposer cet équipement sur leurs vélos. En 2015, toutes ou presque l’avaient adopté.

Autre évolution importante, la généralisation du tubeless. Si tout le monde aime pester contre les pneus poreux et autres modèles avec lesquels il faut s’y reprendre à cinq fois pour les faire claquer avec des dispositifs allant du gonfleur maison à 3€ à la pompe premium à 150€, il ne viendrait pas à l’idée de la majorité des pratiquants de vélo de montagne de repasser à cette bonne vieille chambre à air tant le gain en termes de grip, de confort et de résistance à la crevaison est appréciable.

“Toutes ces avancées font de ces quelques années une époque clé du VTT moderne…”

Enfin, on pourrait citer le passage au mono-plateau, maintenant généralisé et qui fait passer un triple ou même un double pour une antiquité. Est-ce cependant une rupture majeure ? Non, pas forcément. Cette technologie a apporté un confort dans la gestion des vitesses sans introduire de gain majeur sur le plan fonctionnel ou sur celui des performances. Mais c’est une avancée significative qui s’inscrit dans une époque déjà riche en développements, sans aucun doute.

Toutes ces avancées font de ces quelques années une époque clé du VTT moderne, un tournant majeur dont l’amplitude est, pourrait-on arguer, difficilement atteignable à nouveau.

Depuis, les géométries se sont stabilisées, les tiges de selle téléscopiques peinent à vraiment innover malgré des problèmes toujours présents, le tubeless est bien rodé (l’étape suivante étant peut-être l’ajout d’inserts qui ont bien du mal à s’imposer sur le marché) et les cassettes n’en finissent plus de prendre des pignons et dents supplémentaires.

On ne peut pas dire non plus qu’il y ait de grande révolution côté suspensions où les fabricants n’ont cesse de ressusciter sans beaucoup de succès les vieilles gloires du passé maintenant dépassées, comme avec le ressort, dès qu’il est question de sortir de l’habituel schéma plus gros, plus rigide, et (parfois) plus léger. Et ne parlons pas de la boite de vitesse à pignons, qui n’en finit de renaitre de ses cendres presque annuellement, ou la fourche exotique à lames qui revient régulièrement.

 

Itérations incrémentales ou stratégie marketing ?


L’éléphant dans la pièce, littéralement traduit dans le plus pur pied de nez envers la langue de Molière, c’est bien sûr les tailles de roues.

Non, je n’en ai pas parlé précédemment, car ce n’est pas pour moi un bouleversement d’envergure, que ce soit sur le plan des performances, comme a pu l’être la forward geometry, ou sur le plan fonctionnel, comme a pu l’être la tige de selle télescopique. Il mérite cependant qu’on s’y attarde car il est un peu plus qu’un changement purement “marketing”.

Si le passage de 26″ à 27.5″ peut être classé dans cette catégorie, le 29″ a certainement apporté sa pierre à l’édifice. Si c’est un changement que l’on peut qualifier d’incrémental sur le plan des performances, ce n’est que récemment que les concepteurs de cadres ont réellement trouvé la bonne équation pour concevoir des machines à grandes roues qui restent agiles et délaissent le caractère camionesque des premiers modèles.

Le 29″ est un format qui encore une fois n’est pas nouveau, loin de là, mais son développement récent a suivi de près la transformation des cadres décrite précédemment. Transformation qui s’est maintenant relativement stabilisée.

“Le placement “marketing” qui a retourné la communauté, c’est celui du standard Boost.”

Le placement “marketing” qui a retourné la communauté, c’est celui du standard Boost. Pourtant, comme je le décris dans mon article sur le sujet, tout n’est pas à jeter dans ces nouveaux standards. Si la réalisation est brouillonne au vu du résultat final, l’idée de base poussée par les marques n’est pas dénuée de sens et correspond à une évolution incrémentale qui serait probablement passée bien plus facilement si elle ne coïncidait pas avec la fin d’un véritable chamboulement dans le monde du VTT.

Les largeurs de jantes et sections de pneus ont connu le même grenouillage, sans soulever tant de conspuassions car elles ne touchaient que de loin ces histoires de standards : le monde du VTT n’a jamais été un exemple de standardisation, incapable de se mettre d’accord sur le meilleur moyen de fixer un disque de frein, monter des commandes au guidon, maintenir en place un boitier de pédalier, ou, de manière générale, faire passer un axe dans un alésage.

L’amélioration continue sous forme incrémentale est une base indispensable : il ne peut y avoir de révolution chaque matin. C’est cet ajustement permanent qui permet depuis des décennies d’améliorer des technologies vieilles comme le monde ou presque, de la fourche télescopique à l’amortisseur en passant par cette antédiluvienne mais toujours aussi efficace transmission que les partisans de la boite de vitesse ne cessent de nous décrire comme archaïque, mais qui continue pourtant d’offrir le meilleur rapport poids/fonctionnalité/prix.

“Une inquiétante tendance se dessine, celle du toujours plus gros, toujours plus rigide, toujours plus flatteur pour l’œil…”

Toutefois, une inquiétante tendance se dessine, celle du toujours plus gros, toujours plus rigide, toujours plus flatteur pour l’œil quand bien même les performances ne suivent pas. La passage aux cintres en 35mm n’a pas apporté que du bon, certains cadres sont bien trop rigides pour le commun des mortels, et voilà que les plongeurs de 38mm sur du simple-té sont prêts à pointer le bout de leur nez, avec des pivots de fourche qui vont là encore enfler sur certains modèles (et, scoop exclusif, cet embonpoint des pivots n’est pas à l’initiative des fabricants de suspensions).

Si la recherche du meilleur compromis impose d’aller trop loin pour revenir en arrière (les sections de pneus et largeurs de jantes en sont un excellent exemple), certaines “évolutions” visent clairement davantage à flatter la perception de l’acheteur potentiel qu’à lui procurer un surcroit de performance pure.

Si le “c’est marketing” est un terme que nous aimons employer outrancièrement pour qualifier toute pseudo-innovation qui ne répond pas à nos attentes en termes d’amélioration de la performance, il est toutefois bon de rappeler que l’immense majorité des pratiquants ne lit pas Glisse Alpine (je sais, c’est malheureux) et que si la valeur perçue d’un produit est souvent bien éloignée de sa valeur réelle, la performance perçue l’est tout autant de la performance réelle. La problématique de l’éducation du consommateur et de la responsabilité des marques est un sujet à part entière que je n’aborderai pas ici.

Bref, rien n’est encore une fois tout blanc ou tout noir, et il est souvent difficile de se faire une idée de l’intérêt de certaines améliorations incrémentales vendues comme des révolutions mais qui peuvent pour le rideur moyen s’avérer contre-productives. Ce constat a de quoi faire peur, car il est souvent l’apanage d’un marché mature qui peine à innover.

 

Le VTT vit-il une période sombre ?


Après la vague technologique qui a frappé le milieu des années 2010, nous sommes en droit de nous poser cette question : le futur nous réserve t-il une période sombre ?

Il y a deux façons de voir les choses. La première, c’est celle du verre à moitié vide. Peu d’innovations majeures, une amélioration continue et incrémentale qui s’essoufle. La nostalgie du “c’était mieux avant” et la disparition de cette extase lors des premiers tours de roue avec une nouvelle machine.

“Pas de nouveauté majeure ? Pas de besoin d’upgrader. “

La seconde, c’est celle du verre à moitié plein. Pas de nouveauté majeure ? Pas de besoin d’upgrader. Tout le temps au monde pour se concentrer sur sa technique plutôt que son matos. Un temps fou gagné à aller rouler plutôt que chasser la bonne affaire sur le dernier matos à la mode. Et un argent fou (un pognon de dingue ?!) économisé et prêt à être réinvesti en voyages sur d’autres massifs ou en journées de bikepark.

Personnellement, je souscris entièrement à cette seconde vision. Il y a une certaine tranquillité d’esprit à rouler son vélo ultime sans s’inquiéter de la revente dans six mois, ou de le voir devenir has-been dans un an.

Comme toute technologie, il est impossible de savoir ce que le futur nous réserve, et il serait bien présomptueux de penser que tout nouveau changement de paradigme est impossible. Ceci dit, on ne peut que se réjouir de constater les progrès qui ont été faits et le niveau de performance actuellement disponible sur nos montures. S’il faut s’attendre à ce qu’il stagne, ce n’est pas en soit une mauvaise chose. La perception de chacun face à cet état de fait dépendra de ses motivations pour enfourcher son bicycle, ce qui me permet de vous renvoyer habilement vers mon article de la semaine dernière : et toi, pourquoi tu roules ?

 

Le sauveur masqué chevauche t-il un destrier motorisé ?


Le futur est dans le VTTAE. Le futur proche, en tous cas. Les marques l’ont compris et investissent massivement ce nouveau marché à la croissance fulgurante. La nouvelle révolution est peut-être justement dans ce nouveau format qui malgré sa jeunesse a déjà corrigé les plus gros défauts des premiers modèles mis sur le marché. Les géométries ont permis en quelques annnées de passer de modèles patauds handicapés par la surcharge pondérale du couple moteur et batterie à des machines qui se rapprochent de plus en plus dans leur comportement à un VTT classique.

En 2017, la part de marché des VTT électriques en Allemagne était de 21.5%. En 2018, c’est 37% des ventes de VTT et VTTC en France qui étaient supplantées par leurs équivalents électriques.

“L’avenir du VTTAE est encore très ouvert, les axes de développement potentiels nombreux.”

L’avenir du VTTAE est encore très ouvert, les axes de développement potentiels nombreux. On pense bien sûr aux moteurs et batteries qui constituent déjà un selling point majeur, auquel on donne à mon sens trop d’importance, mais qui pourrait dans le futur faire la différence au fil des développements. Développements qui auront lieu quoi qu’il arrive étant donné l’importance sans cesse grandissante de l’électrique dans nos sociétés actuelles et futures.

L’évolution du format est également possible, coincé entre un cadre législatif incertain et certaines tentatives de proposer une alternative, comme Lapierre avec son E-Zesty.

Bref, si le VTTAE va sans aucun doute amener sa dose d’innovation, le ruissellement de cette dernière vers le VTT classique est en revanche peu probable, tout du moins à court terme. Ceux qui s’inquiètent de voir ce nouveau marché exploser et focaliser l’attention des marques ont raison d’être préoccupés, et ce sentiment de délaissement explique peut-être aussi en partie ce rejet du vélo nucléaire.

 

Le mot de la fin


L’histoire n’est qu’un cycle qui se répète à l’infini. Et comme pour le cycle des saisons, il n’est pas désagréable de subir les variations d’intensité du cycle de l’innovation. C’est dans les périodes de platitude que l’on apprécie pouvoir souffler un peu et renflouer son porte-monnaie sans être poussé à constamment upgrader, et c’est dans les périodes de grande innovation que l’on constate avec plaisir l’apport des bonds en avant.

Quoi qu’il en soit, n’ayez crainte, même si ce n’est pas pour demain, le VTT n’en a pas fini d’évoluer.

 

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Sébastien

Papa de Glisse Alpine et homme à tout faire depuis 2016. Rideur. Editeur. Photographe. Développeur. SysAdmin. Web Perf. SEO. Marketing. Café.

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6 commentaires sur “VTT et évolution technologique, une époque révolue ?

  • 1 janvier 2020 à 11 h 16 min
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    https://www.cordial.fr/dictionnaire/definition/antédiluvien.php
    Petite coquille volontaire? Ou pas?

    Quoi qu’il en soit, merci pour cet article qui aide à la réflexion et avec lequel je démarre (bien!) ma saison de Vtt en attendant la livraison de mon nouveau Occam qui restera sauf casse matérielle au moins pendant les sept prochaines années mon compagnon de sorties en plaine comme en montagne.
    NB : ce superbe vélo remplacera mon fidèle Canyon Nerve XC de 2012 … 26´ et 120mm devant comme derrière et sur lequel le seul upgrade à été de remplacer la tige de selle fixe par une Vyron… comme quoi …
    En vous souhaitant une excellente année de VTT
    Sportivement
    vincent

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    • 2 janvier 2020 à 22 h 08 min
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      Salut Vincent,

      Bonne saison à toi et merci pour la coquille, c’est corrigé !

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  • 15 février 2020 à 11 h 19 min
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    Salut! Super article comme d’hab. c’est vrai que l’avenir, en tout cas proche est vers le vtt AE… la presse en parle de plus en plus, parfois ils t’offrent même le supplément spécial électrique histoire d’être sûr que tu jettes un coup d’oeil dessus quand tu lis aux toilettes. Les compétitions proposent presque toutes maintenant leur équivalent en électrique, et puis on en croise tellement partout sur les sentiers. Je me rappelle avoir lu une interview de Julien Absalon qui misait a fond sur l’électrique avec je ne sais plus quelle marque, que c’est une super voie de developpement etc. C’est ouf n’empêche venant de lui, je me demande si il croit vraiment ou si un gros chèque l’a aidé à y croire. C’est vrai que c’est un beau progrès, mais j’aurais aimé que ça reste une niche et pas que ça finisse par supplanter le vtt normal.

    Autrement comme tu as dit la dernière décennie a été assez révolutionnaire. Aujourd’hui Jean-Michel peut faire de la rando avec un vélo de trail plus balèze que ceux qu’on pouvait voir dans les New World disorder des années 2000! ( petite pensée au Pasta Power, au Coiler et autres… ). Cette mouvance du trail a dailleurs explosée, avant on faisait de la rando avec son vélo de xc et personne ne connaissait cette appellation de trail. Qui du coup fait un peu doublon avec l’AM? De plus en plus de vélos de rando sont montés avec des fox 36 rabaissées voir des lyrik et des amortisseurs à ressort en dur. Par exemple le nouveau Meta Trail Sx, ou bien le dernier Transition Scout ( 140mm à 64 degrés d’angle de direction! ). Il va y en avoir plein à venir des vélos comme ça ces prochaines années je pense, très balèzes et très tassés. C’est une bonne idée je trouve quand même, jusqu’à un certain point bien sûr.

    Enfin, je pense que le 27,5 va disparaitre petit à petit maintenant que tout le monde suce le 29 pouces alors qu’avant c’était la mode de s’en moquer. Je roule en Commencal et le Meta n’est plus dispo en 27,5 maintenant, certaines comme Santa Cruz joue le combo 29/27,5+ puis dans 2 ans ce sera plus que 29 je suis sûr. Petite parenthèse amusante, YT va sortir un Jeffsy 26 pouces pour les personnes de petites tailles, j’imagine bien la team réfléchir à comment on faisait des 26 pouces déja avant! Surtout indexer ça pour les gens de petites tailles, il y a 15 ans ça ne devait surement pas traverser l’esprit aux gens mesurant 1m85 que le 26 pouces franchement c’est petit quand meme! Enfin bon… On verra bien ce que l’avenir nous reserve!

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    • 16 février 2020 à 16 h 37 min
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      Salut Pierre,

      Oui Absalon a pas mal drivé le VTTAE avec Moustache ! Quand tu vois que Santa Cruz vient de sortir un e-bike alors qu’il y a encore deux ou trois ans ils disaient qu’ils y étaient fermement opposés, la messe est dite !

      Difficile de déterminer qu’est-ce qui fait doublon avec quoi. Aujourd’hui tu vois des enduros en 180mm sur les chemins de campagne quand rouler en montagne avec un trail se fait sans problème. Le phénomène est pas si nouveau et pour moi la segmentation n’a pas vraiment évolué, ce sont les specs/performances et le surarmement qui ont eux certainement pour le premier et éventuellement pour le second, progressé.

      Un XC est censé t’apporter de la perf au pédalage avant tout, un trail c’est un vélo plaisir et facile pour des terrains peu à moyennement exigeants, un AM doit pouvoir passer partout tout en pédalant de manière correcte, et un enduro va chercher la performance en descente tout en restant pédalable à la montée. L’AM dans la désignation (et non la philosophie) est peut-être en recul parce qu’il est moins marketable que le trail, qui correspond au terrain de jeu de bien plus de monde, et l’enduro, qui représente la performance ultime pour beaucoup de monde. Beaucoup de “trail” bikes sont en fait des AM aujourd’hui.

      Je milite depuis longtemps pour ce que tu décris, des cadres de 140mm avec une géo très aggressive qui permettent de très bien franchir tout en gardant un bon feedback avec le terrain. J’avais d’ailleurs à une époque flashé sur Evil qui est une des premières marques à s’être calé sur cette philosophie, mais le prix m’a un peu dissuadé. Aujourd’hui un enduro en 180mm franchit tellement bien et a besoin de tellement de vitesse pour s’exprimer qu’à moins d’avoir accès à des trails de fous furieux à côté de chez soi il est constamment sous-exploité et finit par être moins fun qu’un plus petit vélo. En montagne c’est pareil, une bonne géo et des suspattes de 140/150 bien réglées permettent de franchir n’importe quoi dans un contexte où tu vas pas tenter le diable dans un coin paumé à 2800m.

      Après c’est toujours pareil, ce qui pour toi ou moi passe de manière safe mais demandant un peu de concentration sur un trail bike, c’est peut-être le défi de l’année pour Gérard sur son enduro, ou ce que Bruni passe les yeux fermés avec un semi-rigide de grande surface.

      Tu as probablement raison pour le 29″, revenir à un standard unique c’est plus simple pour tout le monde et le facteur facilité + perf que le format apporte est indéniable, même si je ne pense pas que les grandes roues soient la meilleure option pour tous les pratiquants malheureusement.

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  • 2 janvier 2021 à 20 h 54 min
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    Bonjour Sébastien, déterrage de topic comme on dit mais en même temps je découvre ton site en ce début d’année 2021, site que j’adore déjà, tant dans la mise en page que dans ta qualité d’écriture et du sérieux des articles, tout en gardant un ton souvent décalé, bravo ! Ceci écrit, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec le monde de la téléphonie mobile : depuis 4/5 ans il n’y a plus d’innovation majeure, de rupture technologique, tous les portables se ressemblent (hormis peut-être le double écran pliable de Samsung) alors les constructeurs jouent sur la multiplication des capteurs photos, le “notch” en haut de l’écran bref, essayer de convaincre le chaland que le petit détail lui changera la vie et l’inciter à changer de téléphone tous les 18 mois. Au final, il suffit de regarder autour de soi, les hauts de gamme 2020 ne sont pas si nombreux que ça en dehors du geek/early adopter dans certains quartiers de l’Ouest parisien…

    Comme désormais on ne sait plus trop quoi faire, on regarde le passé, à défaut d’inventer on “ré-invente”, on ressort les vieilles recettes mises à la sauce moderne -on devrait d’ailleurs plutôt dire contemporaine- et grâce au marketing, on le rend novateur et surtout indispensable (je pense en particulier au gravel)…

    En tant que jeune quinqua, j’ai (presque) connu les tous premiers débuts du VTT, avec l’enthousiasme des pionniers puis les premiers questionnements existentiels des puristes avec l’apparition des fourches suspendues (sacrilège !), des suspensions arrières (horreur !) puis du tubeless (c’est quoi ce truc ?)… A chaque avancée technologique, le même argument : “ça ne sert à rien !” Et puis le débat se calme et ce qui était honni devient le standard. Avec quelques exceptions quand même, des technologies “révolutionnaires” n’ont jamais abouti, un magazine VTT en avait fait un sujet très amusant il y a quelques années. Pour ma part, je roule sur un hardtail Commençal mythique et un Enduro Specialized, tous deux de 15 ans d’âge, j’ai un vélotaf Lapierre qui a 10 ans mais tous les trois me plaisent toujours autant car upgradés et qui correspondent à mon activité réelle et pas fantasmée ! Je n’ai pas les moyens de mettre 2 500 euros par vélo pour leurs équivalents 2021 ni les raisons objectives de changer (je vis en grand banlieue de l’est parisien, mon quotidien déprimant ce sont les champs de betteraves et des dénivelés de 30 m sur 1 heure de sortie…) même si bien sur les géométries “modernes”, les roues de 27,5″ et les mono plateaux me font de l’œil…

    Comme tu l’écris à la fin de ton article, je crois sincèrement que le VTTAE est LA vraie révolution durable du VTT, surtout sur une nouvelle cible que jamais les marques ne mettront en avant dans leur communication : les seniors. J’ai sans doute encore une bonne quinzaine d’années devant moi car aucun problème de santé (fingers crossed) mais je sais que mon prochain achat de vélo(s) sera un VTTAE car continuer à rouler comme je le faisais à 20 ans mais sans efforts épuisants, c’est quand même très alléchant à 65 ans.

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    • 4 janvier 2021 à 13 h 53 min
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      Salut Marcello,

      Merci pour ce long commentaire qui relate ton expérience.

      Concernant les VTTAE et les seniors tu as raison, c’est un aspect que je n’avais pas vraiment considéré jusqu’à maintenant mais à y réfléchir il est vrai qu’on croise de plus en plus d’entre eux en VTTAE (plutôt sur les DFCI et chemins de liaison que les singles engagés certes) alors qu’ils n’auraient jamais franchis le pas sur un VTT classique.

      Je pense ici en particulier à ceux qui n’étaient pas spécialement vététistes dans l’âme, davantage que le cas que tu décris de rideur au physique qui s’engage inexorablement dans le mauvais sens de la pente, et ça rejoint l’engouement global d’une catégorie de nouveaux pratiquants qui n’auraient pas franchi le pas autrement et à qui il devient possible de proposer des machines au prix d’entrée important.

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