VTT – 5 + 1 techniques incontournables pour descendre en toute confiance
Le VTT tel que nous le pratiquons est un sport somme toute onéreux, et le matériel occupe une place prépondérante dans les conversations. A tel point d’ailleurs qu’on discute sur les forums comme en personne bien plus matos que technique, à tel point pour certains d’y vouer une véritable vénération. Pourtant, le meilleur vélo du monde ne fera jamais un bon rideur.
Bien entendu, nous avons tous des objectifs et envies différents. Comme 99.9% des pratiquants, je n’ai aucune envie d’aller me promener sur les sites successifs de Rampage pour tâter du canyon gap. Mais force est de constater qu’à plus petite échelle, de nombreux pratiquants sont freinés dans leurs ambitions par des points techniques qui sont pourtant accessibles à tous.
Ces points techniques sont souvent peu discutés. Les rideurs confirmés ont depuis longtemps oublié leurs déboires initiaux et adopter la bonne attitude sur le vélo ou franchir une marche dans la pente est devenu pour eux une seconde nature. Les débutants se retrouvent face à un mur de “just do it” sans trop savoir à quoi se raccrocher et n’osent plus après quelques mauvaises expériences s’aventurer sur les sentiers escarpés. Au milieu, on trouve des rideurs qui ont un peu bourlingué et sont capables de tirer leur épingle du jeu, mais se retrouvent parfois bloqués sans trop savoir comment passer au niveau supérieur.
Au fil des années, plusieurs déclics successifs m’ont fait progresser. Etant de nature assez obsessive, ils sont restés gravés dans ma mémoire, et je vous propose aujourd’hui de les partager avec vous. Que vous soyez débutant ou déjà pratiquant depuis un moment, voici quelques techniques qu’il me semble important de maîtriser pour ne plus se retrouver en difficulté sur la majorité des sentiers.
Charger l’avant pour dompter la pente
Ce principe est tout bonnement fondamental et va littéralement transformer votre façon de rider. Que ce soit sur les forums ou IRL, c’est je pense que le conseil le plus simple et le plus efficace que j’ai pu donner. “Charger l’avant” est devenu une expression récurrente que je ressors sans remord à la moindre occasion. Pourquoi faut-il alors constamment le répéter ? Tout simplement parce qu’il s’oppose à deux barrières difficiles à dépasser : la peur de la chute et une technique de descente qui remonte à plusieurs décennies, quand les machines et les pratiques étaient bien différentes. Aujourd’hui le matériel a fait un bond de géant, et les possibilités qu’il offre sont à des années-lumière de ce dont étaient capables les VTT d’antan.
“Adopter cette position très en arrière est la pire chose que vous puissiez faire.”
On va éviter le cours d’histoire (ce qui m’évite par la même occasion de fastidieuses recherches), mais pendant très longtemps, pour l’extrême majorité des pratiquants excepté la frange adepte des disciplines qui faisaient alors d’eux des têtes brûlées, la position classique de descente était simple : les fesses en l’air, bien en arrière et les bras tendus pour repousser le plus possible le vélo devant soi.
Cette position inspirée du XC a probablement pour origine les selles très hautes qui constituaient un obstacle le long de l’axe du vélo et obligeaient à être très en arrière pour “passer derrière la selle”. Cette maudite selle limitait de facto les mouvements sur le vélo, et la position est restée dans les esprits comme un pilier du VTT. Ajoutez à cela des suspensions inexistantes à médiocres, et la priorité de chaque vététiste était alors d’éviter à tout prix le fameux OTB ou “over the bars”, aussi connu sous le doux nom de “soleil”.
Aujourd’hui encore, nombreux sont les pratiquants, débutants mais pas seulement, qui pensent utiliser la bonne technique en reprenant cette position et se demandent pourquoi ils sont tant en difficulté quand la pente augmente.
Le deuxième facteur, c’est la peur de la chute. Devant le vide qui s’offre à vous, le réflexe naturel est de reculer, vous mettre complètement vers l’arrière en tendant les bras au maximum, voir essayer désespéramment de descendre du vélo en cours de route et finir à califourchon sur la roue arrière. A l’image d’autres sports de glisse comme le ski ou le snowboard, adopter cette position très en arrière est la pire chose que vous puissiez faire, et nous allons voir pourquoi.
“Le VTT moderne se pratique centré sur le vélo, dans une position dynamique qui permet de constament s’ajuster au terrain.”
On commence par une notion toute simple : la répartition des masses sur le vélo. Mais euh, si je met tout mon poids sur l’arrière, ça permet à l’avant de franchir facilement les obstacles, non ? Pas tout à fait, et on va d’ailleurs le voir en détails dans la toute dernière partie de ce guide, dans la section “franchir facilement dans le très pentu”. Le VTT moderne se pratique centré sur le vélo, dans une position dynamique qui permet de constamment s’ajuster au terrain. S’il est parfois utile de déplacer son poids vers l’arrière, adopter cette posture comme base, en plus d’être mauvaise, empêche toute correction quand c’est nécessaire.
Il y a deux raisons pour lesquelles les descentes à fort gradient font peur et semblent impossibles. La première, c’est la peur du vide, d’une pente qu’on pense trop raide pour la pratiquer sans s’envoler directement au dessus du guidon. Si vous avez le vertige, je ne peux pas grand chose pour vous. En revanche, pour ce qui concerne la peur de passer au dessus du cintre, une bonne position permet de s’en prémunir, et c’est ce que nous allons développer.
Mais tout d’abord, la première raison pour laquelle les descentes à fort gradient font peur et semblent impossibles, c’est souvent juste le manque de grip, d’accroche, d’adhérence, bref, la peur de perdre le contrôle et ne plus pouvoir s’arrêter. Le grip vous permet de freiner, le grip vous permet de vous diriger. Et pour avoir plus de grip, il existe une recette toute simple. Non, ce n’est pas passer quinze jours sur le net pour trouver le dernier pneu de la mort qui tue, même si un modèle comme le Magic Mary vous mettra en confiance que le terrain soit sec ou humide.
La recette magique, c’est tout simplement charger le pneu au maximum. Et quelle est la roue qui permet de faire les deux choses citées plus haut ? La roue avant bien sûr. C’est sur elle qu’il va falloir transférer du poids pour faire mordre ce pneu dans la terre et garder un maximum de contrôle. Dans des pentes très raides, votre frein arrière est pour ainsi dire inutile et bloquera la roue au moindre effleurement.
“Dans des pentes très raides, votre frein arrière est pour ainsi dire inutile et bloquera la roue au moindre éffleurement.”
Sur un vélo il y a deux roues, pourquoi ne pas charger l’arrière plutôt que l’avant ? Les raisons sont multiples. Premièrement, cela vous place dans une position désastreuse pour franchir le moindre obstacle. Encore une fois, vous trouverez plus d’informations sur ce point en fin d’article.
Deuxièmement, il est impossible de réellement charger l’arrière sur un vélo. En cas de doute, je vous laisse essayer d’amorcer un manual (qui consiste à rider sur la roue arrière sans pédaler) dans une pente forte et revenir me dire si c’était plus facile que partir en endo (ou stoppie, c’est à dire rider sur la roue avant). Autre exemple : quand vous tentez de monter un chemin raide sans y parvenir et que vous devez vous arrêter à mi-montée, est-ce que vous freinez pour bloquer la roue en aval ou en amont de la pente ? On bloque bien sûr la roue arrière dans ce cas, parce que l’angle de la pente vient placer notre poids sur cette roue, alors que l’avant du vélo est tellement léger que freiner ce pneu nous fait repartir en arrière avec une roue avant en dérapage. En descente c’est le même principe, mais dans l’autre sens.
Enfin et surtout, c’est bel et bien votre roue avant qui vous permet de vous diriger. Personne n’a de scrupule à bloquer sa roue arrière, surtout en ligne droite où elle suivra par défaut sa copine à l’avant, mais faire de même avec la roue avant est beaucoup moins anodin et souvent synonyme de chute.
Mais si je charge l’avant je risque de finir en OTB à tout bout de champ, non ? Si vous restez droit comme un piquet, oui. En fait la position “tout en arrière” est facile à corriger pour la rendre très efficace en la transformant en “fesses en arrière, tête en avant”. Le secret pour charger l’avant tout en évitant l’OTB est très simple : il consiste à rester aussi bas que nécessaire sur le vélo, jusqu’à avoir le dos parallèle à la pente, avec les bons appuis. C’est ce qui vous évite de basculer au moindre gravier sur votre chemin.
Pour ce faire, voici quelques points à respecter. Fléchissez les genoux sans forcément penser à vous reculer. Fléchissez les bras, coudes relevés, et cherchez à amener votre dos le plus possible parallèle à la pente en fléchissant vos hanches et non pas en arrondissant le dos. C’est ce fléchissement qui vous permet notamment de ne pas avoir les fesses en l’air et de conserver un appui prédominant sur les pédales, talons baissés, et non sur vos grips. Vos mains et vos bras vous servent à vous diriger, non à supporter votre poids, et vous devez être en mesure de jouer sur la force que vous transmettez via chacun de vos quatre membres. Pour ne pas basculer vers l’avant, on cherche justement à garder notre poids aussi bas et centré que possible, et le transmettre via le cintre, en plus de limiter votre capacité à vous diriger efficacement, va augmenter votre tendance à pivoter autour de la roue avant au moindre obstacle.
“Même si cela va à l’encontre de votre instinct, vous devez avoir confiance dans les capacités de votre pneu avant à conserver de la traction et ne pas chercher à “limiter la casse”.”
Le recul vers l’arrière du vélo se fait naturellement quand la pente augmente et que vous cherchez à vous “coucher” sur le vélo en amenant le buste à l’horizontale, mais dans un premier temps il va falloir vous forcer à garder les bras fléchis et le buste en avant pour ne pas revenir à une mauvaise position si vous en avez pris l’habitude. De manière générale, mais surtout au début, vous serez bien moins couché sur le vélo que vous n’en avez l’impression. A partir de là, vous pouvez ensuite jouer sur la répartition de votre poids entre l’avant et l’arrière de votre machine selon les besoins de franchissement, tout en gardant une marge de manœuvre verticale pour absorber le terrain.
Restez dynamique sur le vélo et ne vous crispez pas. Même si cela va à l’encontre de votre instinct, vous devez avoir confiance dans les capacités de votre pneu avant à conserver de la traction et ne pas chercher à “limiter la casse” en conservant une échappatoire, une façon de mettre un pied à terre. Ce point est primordial.
C’est là que vous devez réellement engager, terme qui a été totalement détourné de son sens premier pour qualifier Robert qui évite un gravier sur son Enduro à 5k€ (on en connait tous au moins un). La réelle notion d’engagement signifie que vous n’avez pas d’échappatoire si vous échouez : soit vous passez, soit c’est la chute. Entraînez-vous en body armor si nécessaire, mais vous devez maîtriser cette notion si vous voulez acquérir un bon niveau technique et vous sentir à l’aise quand le gradient s’accentue en descente. La peur de la chute vous perdra.
Je l’ai déjà dit dans un de mes articles de la série apprendre le snowboard, progresser c’est prendre des risques par rapport à son niveau. Plus l’on prend de risques, plus l’on progresse, mais plus on s’expose à la blessure. Chacun doit donc trouver où placer la barre de manière intelligente et en accord avec ses objectifs, mais il ne faut pas espérer acquérir un bon niveau rapidement sans jamais chuter. Pour être l’aise dans la pente, c’est exactement la même chose : si vous l’évitez constamment, vous ne progresserez pas. Mettez toutes les chances de votre côté en trouvant un terrain propice (évitez les pentes humides à 45° avec un drop de 5 mètres au bout), utilisez toutes les protections nécessaires, puis lancez-vous !
Epurer ses trajectoires en mettant fin au refus d’obstacle
Rien n’est plus triste qu’un ardant pratiquant qui possède le dernier matos à la mode (encore ce fameux Robert ?), fait préparer ses suspensions chaque hiver, et qui s’embarque dans un zigzag frénétique sur les singles pour éviter quelques cailloux alors qu’une ligne droite s’ouvre clairement à lui s’il coupait tout droit. Si vous vous reconnaissez dans ces lignes et que vous voulez lancer une nouvelle discipline de slalom sur single inspirée du ski, libre à vous et bonne chance. Si en revanche vous souhaitez vous améliorer pour choisir plutôt que subir, vous pouvez continuer votre lecture.
“Votre VTT possède certainement des capacités de franchissement que vous sous-estimez.”
Outre la caricature, un concept important à assimiler lors de votre progression est qu’un VTT moderne, à fortiori s’il s’agit d’un Trail/AM/Enduro tout-suspendu, peut encaisser beaucoup, beaucoup, beaucoup plus que vous ne l’imaginez lors de vos premiers tours de roues. Et je dois bien avouer que je verse une petite larme à chaque fois que je lis sur un forum le récit d’une course à l’armement qui ne fait qu’empirer, à grand renforts de “un AM c’est bien trop léger pour une journée en bikepark” ou “il te faut absolument un enduro en 170mm pour faire de la montagne”. Pro-tip : le fin fond du Queyras regorge de singles presque aussi lisses que la peau d’un bébé. Accessoirement, si vous voulez en savoir davantage sur la préparation d’une rando montagne, vous pouvez également écouter ce podcast.
Bref, la première idée que je veux transmettre ici c’est qu’à moins de l’avoir acheté chez Carrefour ou Super U pour ne pas les nommer, votre VTT possède certainement des capacités de franchissement que vous sous-estimez. Arrêtez donc d’éviter chaque caillou sur le chemin et commencez à franchir davantage pour vous en rendre compte. Le but de cette partie n’est pas de faire l’apologie du minimalisme, mais bel et bien de vous parler de vos trajectoires, et notamment de la plus courte que j’affectionne : la ligne droite. Je pourrais écrire plusieurs articles sur les trajectoires, et, à vrai dire, chaque situation est unique, avec parfois de très nombreuses lignes dont la plus rapide est difficile à déterminer avec certitude.
Parfois, on se complique énormément la vie en prenant des trajectoires qui cumulent les difficultés pour éviter un “obstacle” qui nous positionnerait en réalité de manière parfaite pour la suite du chemin. Lors de ma fabuleuse journée aux 7 Laux à l’automne dernier, que j’ai narrée en large et en travers ici même, je me suis rendu compte, posé près d’un sapin pour faire des photos des amis qui m’accompagnaient, que j’avais trouvé l’endroit parfait pour illustrer la situation. Pour illustrer ce point, c’est donc l’endroit que j’ai choisi.
Comme on peut le voir, on a là une arrivée sur pente moyenne, la piste décrit un virage à gauche et jette dans une pente plus importante qu’on ne voit pas trop mais qui se poursuit dans l’alignement de l’arrête du grand rocher, formant un “S” moins prononcé dans sa deuxième partie. Dans le virage, la piste est loin d’être lisse, il faut en réalité franchir une petite marche pas bien nette en plein virage, et on ne peut pas prendre appui sur l’extérieur. Il faut donc freiner pour prendre le virage et franchir la partie enrochée. Une fois sur la dernière dalle, légèrement inclinée vers l’intérieur de la piste, il faut encore prendre un léger appui côté opposé pour se positionner correctement dans la pente en vue du virage suivant.
En repêchant une des photos que j’avais pris à l’époque, on se rend compte qu’il est difficile de garder beaucoup de vitesse et de fluidité dans ce virage. Le passage enroché doit être passé avec relativement peu de vitesse à cause du virage, et on doit encore changer de direction au moment de la sortie.
Une autre trajectoire, beaucoup plus intéressante, est de monter sur le gros rocher pour s’éviter tous ces tracas. Si sa taille semble constituer un obstacle plus important que le tracé de la piste, il n’en est rien. On profite de la vitesse en entrée de virage pour couper le “S” et monter sur le rocher, là où il aurait fallu freiner pour négocier le virage. Une fois sur le rocher, on a convertit une partie de vitesse en altitude, la pierre est lisse, et le grip sur le sec est excellent. On peut donc lâcher les freins très tôt, descendre du rocher, et se retrouver exactement dans l’axe de la piste.
Cette trajectoire est simple et fluide, le risque de chute faible contrairement à la première où il faut franchir en virage, et elle donne la meilleure vitesse en sortie. De plus on freine peu dans l’entrée, on convertit une part de vitesse en altitude ce qui nous donne un meilleur potentiel en sortie, et on bénéficie d’un meilleur grip et une roche légèrement inclinée qui nous donne un chouilla d’appui supplémentaire.
On trouve même ici une troisième trajectoire possible, en prenant encore plus à l’intérieur et en montant sur le bord de la piste. Son intérêt par rapport à celle plus centrale est discutable mais pas inexistant, elle fera peut-être l’objet d’une discussion lors d’un prochain article consacré entièrement aux trajectoires et comment déterminer la plus rapide.
Quoi qu’il en soit, des trajectoires alternatives comme celles-ci, on en trouve partout. Parfois elle ne sont pas utilisées tout simplement parce qu’on ne les voit pas, mais aussi tout simplement parce qu’elles font un peu peur, alors qu’au final elles se révèlent plus sûres que les autres options !
Rouler vite pour franchir plus facilement
S’il fallait encore en faire l’expérience, j’ai pu m’en rendre compte l’an dernier lors de la séance photo pour mon article sur le bikepark des 7 Laux : rouler lentement rend le franchissement d’obstacles anodins incroyablement compliqué. Au ralenti avec mon reflex en bandoulière, la moindre racine s’est transformé en vil anaconda dont le seul but était de me projeter au sol, la moindre marche ébranlait mon être tout entier.
Encore une fois, la peur de la chute est l’ennemi de la progression. Savoir franchir au ralenti est une compétence à part entière, mais rider à bonne vitesse l’est tout autant. Avec l’expérience, votre focus doit passer de “Attention, un obstacle, je ralentis” à “Y’a t-il d’autres obstacles en aval ? Ais-je la place pour freiner avant le prochain virage ?”
“Passer avec plus de vitesse rend le vélo plus stable.”
Passer avec plus de vitesse rend le vélo plus stable. Les suspensions vont davantage et mieux travailler, votre assiette rester plus constante car la force exercée par votre masse en mouvement va obliger la cinématique du vélo à travailler plutôt que vous chahuter sur chaque aspérité. Rider plus vite impose de rester attentif et réagir plus rapidement, mais un enchevêtrement de racines quasiment infranchissable au ralenti peut se survoler avec facilité à vitesse. Comme quand il s’agit de franchir un pierrier, on lisse le terrain artificiellement en roulant plus vite, évitant ainsi que nos roues ne retombent entre chaque obstacle.
Ce point vient compléter les deux précédents : vous devez rester dynamique sur le vélo et pro-actif dans le choix dans vos trajectoires plutôt que subir le terrain.
Un autre exemple concerne les drops. Avec peu de vitesse, il vous faut juger avec expertises l’attitude à adopter sur le vélo pour qu’il conserve une assiette correcte. Avec le temps, c’est un réflexe qui devient automatique, mais qui comme toute technique doit s’apprendre. Avec beaucoup de vitesse, vous n’avez absolument rien à faire. Quand vos deux roues quittent le sol peu ou prou au même moment, le vélo conserve son assiette de lui-même.
Apprendre à lire le terrain
Tous les points que j’ai développé jusqu’à maintenant sont inconcevables sans celui-ci. Une bonne lecture du terrain est indispensable pour anticiper vos trajectoires, rouler à bonne allure et adapter votre posture. Elle pré-suppose que votre regard porte suffisamment loin pour être en mesure de réagir aussi tôt que possible. Arrêtez de regarder votre roue avant ! Plus vous allez vite, plus votre regard doit porter loin. Si vous n’avez pas vu un obstacle trois mètres devant vous alors que vous êtes à 45km/h, vous ne pourrez de toutes manières pas réagir suffisamment vite. En revanche, si vous regardez loin, vous l’aurez repéré très tôt.
“Une vision globale du single ou de la piste doit être votre focus principal.”
Une vision globale du single ou de la piste doit être votre focus principal. Ne vous attardez pas sur chaque obstacle à moins qu’il soit de nature à vous arrêter. Repérez-le, décidez de l’attitude à adopter, puis portez à nouveau votre regard en aval pour déterminer si votre décision est viable. Pour prendre un exemple, vous pouvez décider d’enrouler ou dropper une marche. La dropper vous permet de passer plus vite, mais ce choix n’est viable que si vous avez suffisamment de place pour freiner avant le virage ou l’obstacle suivant car vous allez arriver avec plus de vitesse, vous ne pourrez pas freiner dans les airs, et au moment où vos roues vont toucher sol vous allez convertir votre altitude en vitesse, d’autant plus que la pente est importante. Si vous vous concentrez sur la marche sans prendre en compte le reste du sentier, vous serez amenés à potentiellement prendre la mauvaise décision. Idem si vous souhaitez optimiser vos trajectoires ou, comme on va le voir par la suite, faites face à des sections au grip précaire qui imposent de choisir ses zones de freinage.
Sur la photo suivante, je suis en train de franchir quelques racines qui forment une petite marche. Mais plutôt qui me concentrer sur cet obstacle rapidement avalé, mon regard et mon attention se portent déjà sur le drop au-dessus du gros rocher au premier-plan. Cette section de la piste était en partie cachée par les trois arbres à ma gauche lors de mon arrivée dans le virage précédent, et j’ai donc très peu de temps pour décider de l’attitude à adopter : prendre le drop ou pas, avec quelle vitesse, etc.
Gardez également en tête la règle qui dit que l’on va où l’on regarde. Vous avez dû l’entendre au moins une fois en passant le permis de conduire, et, surprise surprise, elle s’applique également au VTT. Elle est valable aussi bien virage (j’en reparlerai plus longuement à l’occasion d’un article dédié au sujet) que lors du franchissement d’un obstacle ou tout passage technique. En virage, votre regard doit se porter sur la sortie, ce qui va vous aider à positionner votre corps pour aller la chercher. Lorsque vous négociez un passage délicat, ne regardez surtout pas le rocher que vous voulez éviter ou l’arbre sur le bas-côté, sous peine d’irrémédiablement l’emplâtrer. Repérez l’obstacle, puis concentrez vous à nouveau sur la trajectoire que vous allez emprunter en cherchant la sortie du regard.
Savoir laisser filer le vélo et repérer les zones de freinage
Attention attention, ce point est d’importance capitale si vous voulez aborder les sections les plus techniques.
Malgré tous vos efforts pour charger l’avant, le grip du terrain est parfois tout simplement insuffisant pour vous permettre de contrôler totalement votre vitesse. Je vous rassure, le but de cette partie n’est pas de vous apprendre à rider à grands renforts de cuties pour ré-énacter Where The Trail Ends, mais plutôt appuyer l’importance d’une bonne lecture du terrain comme on l’a vu précédemment, et la conjuguer à la faculté de laisser vivre le vélo sous ses pieds, même quand le contrôle est précaire.
Comme je le disais, il est possible que lors de vos pérégrinations vous abordiez ce type de section, avec un grip précaire mais suffisant pour perdre de la vitesse, parsemé de zones où il est impossible de contrôler cette vitesse. Cela peut par exemple être une partie enroché où les pneus accrochent bien, entrecoupée d’un éboulis de cailloux très mobiles qui roulent au moindre appui. Ou tout simplement une section très raide d’une dizaine de mètres qui relie deux tronçons d’un single sans autre difficulté.
“Ne pas pouvoir s’arrêter ne veut pas dire que l’on a perdu le contrôle.”
Franchir ces zones est tout à fait possible, à condition encore une fois d’engager et d’avoir une bonne lecture du terrain. Le réflexe naturel quand on sent la perte de contrôle est de revenir dans la position “tout en arrière” décrite un peu plus tôt, ce qu’il ne faut surtout pas faire. Restez centrés sur le vélo avec du poids sur la roue avant, et repérez en aval les zones où vous pourrez freiner. Ne bloquez pas les roues là où vous savez que vous ne pouvez pas perdre de vitesse, mais sautez sur les freins dès que vous avez du grip. Il est primordial de garder la bonne attitude sur le vélo dans ces zones, car même si vous ne pouvez pas perdre de vitesse, vous pouvez à minima éviter d’en prendre trop, et surtout conserver la maîtrise de votre machine pour rester sur la bonne trajectoire.
Ne pas pouvoir s’arrêter ne veut pas dire que l’on a perdu le contrôle, tant que le terrain en aval permet de reprendre la maîtrise de sa vitesse. Voyez le comme un couloir très étroit en ski ou en snowboard : il faut parfois manque de place tirer tout droit sur quelques dizaines de mètres et emmagasiner beaucoup de vitesse avant de pouvoir sortir les aérofreins et ralentir une fois que le champ est libre.
Ce principe qui consiste à laisser filer le vélo sur les zones qui ont peu de grip pour le reprendre en main quelques mètres plus loin s’applique aussi lors du franchissement. N’hésitez pas à ouvrir votre frein avant pour que la roue avant franchisse les obstacles sans difficulté, et utilisez toute leur puissance dès que c’est possible. Lors de ces passages, un bon dosage du frein arrière vous permettra de contrôler en partie votre vitesse, sans toutefois bloquer la roue.
Une bonne lecture du terrain et une bonne modulation du freinage sont primordiaux quand la difficulté des singles augmente. Etre confortable avec un vélo en dérapage ouvre la voie à un panel technique qui vous propulse vers de nouveaux horizons : cutties, appels/contre appels de folie et surtout une maîtrise accrue du positionnement de votre vélo à chaque instant.
Bonus – Marches et drops : franchir facilement dans le (très) pentu
Si vous avez suivi mes conseils jusque-là et pratiqué le “charger l’avant”, vous êtes maintenant à l’aise dans les pentes fortes. Et pourtant, il y a encore un type d’obstacles qui vous fait froid dans le dos : les cassures de terrain, marches et autres drops dans le très pentu.
“Le problème vient souvent en partie du fait qu’on ne maîtrise pas vraiment le franchissement de marche.”
Le problème vient souvent en partie du fait qu’on ne maîtrise pas vraiment le franchissement de marche, et qu’une mauvaise technique ne peut être compensée que jusqu’à un certain point par du matériel toujours plus performant. La ruée vers des vélos toujours plus gros pour rouler des terrains qui sont loin de les nécessiter nous pousse trop souvent à nous endormir et laisser la machine travailler seule là où l’on se ferait rapidement prendre en défaut avec un VTT moins extrême ou du matériel avec quelques années de trop. Une fois dans la pente, la gravité reprend le dessus, et il devient de plus en plus difficile de s’en sortir en étant paresseux à mesure que le gradient augmente.
Franchir une marche dans une forte pente repose avant tout sur la nécessité de savoir charger l’avant, expliquée un peu plus tôt dans cet article. Vous ne pouvez pas franchir une marche dans la pente si vous restez derrière le vélo. Mais plus qu’une histoire de grip, cette nécessité s’explique avant tout par le besoin de conserver une assiette stable dans le couple rideur et machine.
Si vous pesez 85kg et que votre vélo en fait 15, c’est votre inertie qui va, de loin, dicter la conduite du vélo. Plutôt que sentir le vélo comme un lourd engin qui vous transporte et que vous essayez de diriger tant bien que mal, pensez-y plutôt comme une extension de votre corps dont vous allez modifier la position dans l’espace pour vous déplacer. Vous êtes au centre du couple rideur + vélo, et pas l’inverse.
“Vous êtes au centre du couple rideur + vélo, et pas l’inverse.”
Si vous franchissez les marches en restant bras tendus et en misant tout sur la capacité de votre fourche à absorber l’impact, vous pouvez vous en sortir sur des chemins ralativement plats et des marche de petite taille. Ce sera moche, instable et assez peu efficace, mais vous avez plus de chances de vous en sortir que faire un saut par-dessus le cintre. Dans les grosses pentes, c’est impossible et vous finirez systématiquement en OTB.
Si on décortique un peu cette attitude, on se rend compte que la raison en est simple. Si vous formez un couple rigide avec votre vélo, votre position dans l’espace va suivre celle de votre machine. Quand votre roue avant passe la marche, mettons de 50cm, le vélo pivote et l’angle qu’il forme par rapport au gradient moyen de la pente augmente. Etant donné que vous avez suivi la trajectoire du vélo, vous avez également lancé une rotation autour de la roue arrière, puisque c’est le seul point de contact avec votre terrain. Votre poids est entraîné vers l’avant et vient compresser la fourche, augmentant davantage cet angle. Vous avez donc réuni tous les éléments pour soulager l’arrière et faire passer votre poids devant l’axe de la roue avant par rapport à la verticale. Celui-ci reculant au fur et à mesure que la pente progresse, la certitude de passer devant le vélo augmente d’autant.
La bonne façon pour franchir une marche, d’autant plus qu’elle est dans une pente forte, c’est de vraiment se servir du vélo comme d’un outil qu’on va placer sur le terrain pour conserver une attitude aussi neutre que possible. C’est en fait beaucoup plus simple que tout le charabia que j’ai écrit pour vraiment vous faire comprendre le pourquoi du comment, et cela rejoint la base du VTT : se servir de son corps pour gommer le terrain.
Juste avant de franchir la marche, vous voulez vous retrouver en position “charger l’avant”, les bras très fléchis. Au moment où votre roue avant franchi la marche, vous allez alors pousser sur le cintre pour guider l’avant du vélo dans la pente. Faites-vous l’image mentale de jeter le vélo dans la pente. C’est ce qui va vous permettre de conserver votre attitude, sans imprimer de rotation, sans déplacer tout votre poids sur l’avant au moment où cette roue touche le sol. Vous entrez sur l’obstacle en étant compressé sur le vélo, et vous vous détendez pour l’avaler.
La roue avant étant soulagé par votre transfert de masse vers l’arrière, la fourche va utiliser très peu de débattement pour amortir le choc, et vous vous retrouvez au milieu du vélo pour encaisser la descente de la roue arrière et, souvent, freiner violemment pour dissiper l’énergie emmagasinée avant le virage suivant.
Si vous comparez mon attitude sur les deux photos, mon orientation dans l’espace n’a quasiment pas évolué au cours du franchissement, en revanche j’utilise et je place le vélo pour absorber la marche.
Quand la cassure est trop haute et qu’on ne peut l’enrouler, il faut la dropper. Dans les parties techniques en pente forte on est souvent à faible vitesse, ce qui impose de garder suffisamment de tension pour éviter que la roue avant ne plonge trop au moment de franchir (si vous ne maîtrisez pas la technique de base, je vous recommande mon deuxième article de cette série qui vous explique tout ce que vous devez savoir pour apprendre à franchir les drops).
Comme pour le passage des marches en enroulant, le principe de transfert de masses est identique : il faut aborder l’obstacle avec suffisamment de poids sur l’avant du vélo pour pouvoir jeter le vélo, à la différence ici qu’on ne va pas jeter l’avant dans la cassure mais au contraire générer une tension pour le garder dans l’axe de la pente le temps pour la roue arrière de se retrouver dans le vide. Comme pour les marches enroulées, la technique entre drop sur une section plate et une autre en pente forte est identique, mais la perception qu’on en a est souvent différente car notre attitude sur le vélo à l’abord de l’obstacle est différente.
Le mot de la fin
Pfffew, en voilà un long article ! La bonne nouvelle, c’est que si vous êtes arrivé jusqu’au bout (et que j’ai bien fait mon travail), vous pouvez commencer à vous entraîner dès aujourd’hui et rapidement maîtriser des détails qui m’ont pris des années à découvrir, décortiquer, maîtriser… puis re-décortiquer pour pouvoir les expliquer. La mauvaise, c’est qu’il y a bien davantage de sujets à développer, et que mon travail pour continuer cette série d’articles techniques ne fait que commencer…
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Encore un grand merci à François pour son héroïque descente à pied du domaine des 7 Laux, reflex à la main, qui a permis de ramener une bonne partie des photos présentes dans cet article !
Dans ce guide gratuit d'une dizaine de pages, je vous explique comment déchiffrer l'offre actuelle et choisir les meilleurs pneus VTT pour votre pratique.
Gomme, carcasse ou encore dessin n'auront plus de secret pour vous, et une sélection des grands classiques du pneu de vélo de montagne vous permettra de partir sur des bases sûres !
Bonjour
Je suis très satisfait de tout ces renseignements
Je vais prendre plus de plaisir
Philippe
Énorme! Super billet et enfin quelqu’un qui décode et donne de bons conseils clair sur le pilotage, merci !
Le chargement de roue avant, oui. Rien cement en condition boueuses très glissantes, je ne me mettait pas sur l’avant car si l’avant decroche c’est par terre cash. Un conseil ?
Salut Thieb,
Merci pour commentaire !
Boue ou pas même combat, si tu n’es pas centré sur le vélo tu deviens esclave de la machine et tu ne peux pas faire les ajustements nécessaires en plus de perdre du grip.
La seule différence que je vois c’est quand tu alternes des passages de boue épaisse dont il est parfois difficile de juger la profondeur et qui peut fortement te ralentir d’un seul coup. Sur ces passages il ne faut pas hésiter à momentanément pousser le vélo vers l’avant en appuyant fort sur les pédales pour éviter le potentiel OTB avec la roue avant plantée dans la boue.
Bonjour,
Je retiens également votre article et votre commentaire, idem par chez moi la boue est tellement glissante qu’en descente, avec le combo boue/grosse flaque/feuille morte qui masque tout, sans la bonne technique on fini en otb.
Merci !!! 🙂
Hello!
Penses-tu faire un jour un article sur les sauts? Je sais qu’il existe beaucoup de tutos vidéos etc mais j’aimerai bien pouvoir connaître ta vision des choses car elle sort un peu des sentiers battus je trouve. Je me sens encore constipé pour gérer l’assiette du vélo en l’air nottamment. On connait tous les 3 phases du saut et pourtant tous les vendredi il y a des nouveaux Friday Fails à regarder sur youtube, donc bon… Il doit y avoir des trucs qu’on a pas pigé!
Merci beaucoup!
Salut Pierre,
Peut-être cet été, le plus compliqué c’est de bloquer du temps pour les photos d’illustration. Je me sens tout le temps coupable de demander aux potos de prendre du temps pour faire quelques clichés bien cadrés avec l’axe qu’il faut et tout le tsoin-tsoin, et même moi je dois t’avouer que ça casse vraiment le rythme de la journée de devoir se poser, descendre, remonter de 30m parce que la photo ne va pas, descendre, remonter à nouveau parce qu’avec trop peu d’élan j’ai fait n’importe quoi et c’est moche, etc…
Comme beaucoup de choses je pense que ce qui bloque pour les sauts c’est d’assimiler le mouvement, chose qui se fait au fil du temps avec quelques moments “eureka”. Tu ne peux pas donner une directive simple qui va entrainer un résultat rapide comme je le fais par exemple dans cet article quand je parle de charger l’avant.
C’est je pense plus à l’image du cuttie, tu ne découvres pas le mouvement de déhanché et le transfert de masse d’un seul coup, il faut un paquet d’essais avant que ça rentre petit à petit sans grand résultat jusqu’au moment ou tu captes le truc et que tu peux ensuite vraiment commencer à améliorer le mouvement. En tous cas je sais que ça a été le cas pour moi, le déclic a pris beaucoup de temps à venir, même en ayant vu 311 tutos et lu tout ce qu’il y avait à lire sur le sujet.
C’est un peu pareil pour les drops mais de manière différente, je ne pense pas qu’il y ait de moment “eureka” à avoir (mis à part peut-être au tout début), mais à force d’entrainement tu adoptes automatiquement la bonne attitude selon ta vitesse et le terrain.
Le problème pour les sauts c’est que tu ne peux pas vraiment t’entrainer en te disant que tu as une échappatoire quoi qu’il arrive. Pour les drops tu peux commencer par descendre un trottoir et augmenter petit à petit jusqu’au drop de plus de 2m. Quand tu roules tous les jours tu rencontres des marches pas bien imposantes que tu peux dropper pour t’entrainer, et au fil du temps tu épures ton geste.
Quand tu abordes un saut, tu peux potentiellement te satelliser sur l’appel et finir en OTB parce que tu ne sais pas quoi faire ou parce que tu as le mauvais timing, alors que quand tu rates ton drop de 15cm tu atterris juste un peu lourdement sur l’avant, et quand tu n’as pas eu le déclic pour le cuttie il ne se passe juste rien et ta roue arrière reste plantée dans l’axe en continuant à vivre sa vie en ligne droite.
Bref, tout ça pour dire que sur les sauts je n’ai pas de conseil magique malheureusement. Pendant longtemps je ne faisais que les scrubber parce que c’est tout ce que je savais faire pour passer de manière safe quoi qu’il arrive (et peut-être aussi parce que quand tu arrives à Mach 4 dans beaucoup de bikeparks tu overshoot très souvent en prenant un vrai appel) et un jour j’ai eu un espèce de déclic et ma mémoire musculaire a assimilé le truc. En une descente je suis passé de “je serre les fesses dès que j’essaye de pas scrubber” à “j’ai plus peur mais je prends tellement d’amplitude que j’overshoot tout le temps la récep’ et je manque de me gauffrer dans le virage qui suit une fois sur deux”.
Peut-être qu’il faut que j’analyse davantage ce qui a provoqué ce déclic, comme tu le dis le mouvement de compression/détente sur l’appel tout le monde l’a compris sur le plan théorique dès qu’il a regardé deux ou trois tutos, c’est la réalisation qui est beaucoup plus compliqué parce qu’elle demande une certaine précision qu’il est impossible d’appliquer tant qu’on ne “sent” pas les choses, et parce que les conséquences de l’échec sont potentiellement importantes.
Pour ce qui est de la gestion de l’assiette du vélo en l’air elle dépend quasi-exclusivement de ta position et ton impulsion lors de l’appel. Si tu laisses le vélo trop plonger par exemple (ou que tu te prends la détente de l’amortisseur au mauvais moment), tu vas continuer ta rotation dans les airs sans rien pouvoir y faire, cf. la chute horrible de Rémy Thirion à Leogang en 2017. C’est super important de rester relâché dans les airs, mais 95% du travail se fait sur l’appel.
Voilà, j’ai encore fait une réponse concise tiens…
Merci beaucoup pour ta réponse, c’est sympa d’avoir pris le temps comme ça ! 😀 Je vais continuer à bosser aussi en essayant de me décrisper petit à petit, et surtout de rétablir le vélo vers l’avant car j’ai le gros défaut de rester très longtemps en extension, droit comme un “i” par peur de l’OTB. Du coup très souvent j’attéris sur la roue arrière et l’avant rebascule d’un coup c’est pas terrible. Heureusement que j’ai mis des tokens dans l’amortisseur et la fourche…
Allez, faut continuer! Ca me fait penser un peu au manual, la théorie souvent on te l’explique à la volée ( basculer le bassin vers l’arrière et doser avec le frein point ) . Sauf que y a beaucoup de subtilités qui fait que ça marche ou pas, déjà savoir doser le frein j’ai l’impression que c’est un art alors que dans les vidéos les mecs disent ” ah oui et pensez bien à doser avec votre frein pour pas tomber en arrière “. Mais j’ai encore du mal avec ça, je trouve que c’est le plus dur… Et quand ton vélo repique vers l’avant, pour le faire revenir vers l’arrière c’est tout un jeu de flexion avec les jambes, de position du bassin etc. Ca prend du temps à digérer!!
Merci en tout cas 🙂
Bonjour,
comment savoir que l’on est suffisamment sur l’avant avant de passer au-dessus?
Merci
Quand tu passe au dessus c’est que c’etait trop.
Dsl pour la reponse inutile 😀
Haha !
Le mieux pour bien sentir le transfert des masses et le grip qu’on peut avoir sur le pneu avant en chargeant c’est de trouver une pente raide mais régulière où tu ne peux pas te faire piéger par une cassure de terrain et dans laquelle tu peux t’entraîner à descendre lentement avec beaucoup de contrôle.
Le but c’est vraiment d’essayer d’amener la poitrine proche du cintre pour être “bas” sur le vélo. Dans les pentes raides tu devrais sentir l’arrière devenir vraiment léger, l’impression d’avoir tout ton poids sur l’avant et la roue arrière se bloquer dès que tu effleures le levier de frein. N’oublie pas d’avoir un bon appui sur les pédales, talons baissés. C’est par là que la majorité de ton poids est transmis, tu ne dois pas lutter avec le haut du corps.
Après quand tu as des mouvements de terrain ou des cassures, et/où que tu négocies les pentes avec plus de vitesse, il faut être dynamique sur le vélo et s’adapter, parce que forcément si tu es au point d’équilibre, qu’une marche se présente et que tu gardes la même position, c’est l’OTB assuré.
C’est comme tout, ça se travaille et ça s’améliore avec le temps, mais je trouve que commencer à s’entraîner dans le type de situation que j’ai décris permet de bien ressentir le phénomène et se mettre en confiance en jugeant l’apport énorme en termes de grip et la relative sécurité de la position face à l’OTB.
Quand tu as la bonne position tu n’as pas vraiment cette impression d’être au bord du précipice et de pouvoir basculer à tout moment, mais si ça t’arrive il suffit de lâcher un peu de frein avant et pousser le vélo vers l’avant (ce qui nécessite d’avoir cet appui fort sur les pédales et non sur les bras) ou essayer de te baisser davantage sur le vélo pour abaisser ton centre de gravité (bon forcément si tu as déjà le menton sur le cintre ce n’est pas la solution à privilégier !)
Après dans les pentes très fortes il arrive un moment où tu acceptes de ne plus pouvoir totalement maîtriser ta vitesse et où tu dois laisser filer temporairement pour freiner plus tard où c’est possible. Dans ces cas là, centré sur le vélo et sans toucher aux freins tu peux franchir du très très raide parce que le vélo roule librement.
Et encore un dossier qui … ha non, qui déchire pas, bien au contraire !
Puisque voilà de quoi ne pas se déchirer sur son deux roues, en faisant n’importe quoi.
Et qui en plus confirme (et réciproquement) tout ce que le courageux moniteur de VTT local essaie d’inculquer (et vu la travail qu’il y a, il a du mérite !).
Mais il faut bien avouer que de lire ton guide, en faisant l’aller-retour entre les jours de leçon (et les observations en live), les jours de ‘ride’ esseulés, (re)lire le guide ci-dessus, rebelote puis bis repetita : c’est une aide plus que précieuse !
Alors un grand merci (et en plus, c’est clair et facile à visualiser).
Salut Vince,
Merci pour ton commentaire !
Je devais écrire d’autres articles techniques comme celui-ci cette année mais j’ai été pris en traître par l’ouverture prolongée à domaine réduit de l’Alpe d’Huez le jour où je devais monter avec un pote faire toutes les photos 🙁 .
C’est une excuse en carton, mais c’est la vérité !
beaucoup d infos tres interressantes pour le debutant de descente que je suis . c clair et precis . manque juste une video qui peut etre existe deja
encore merci
Merci pour tout ces conseils! Je vais me les noter comme un roadbook pour y penser à chaque fois.
J’étais( et toujours) sans exagérer une caricature de tout ce qui fut pas faire en descente….( pas assez de vitesse, trop raide, refus d’obstacle comme un cheval de Steeplechase quand ça fait peur…) et bien je peux dire que j’ai quand même beaucoup progressé rien quand appliquant quelques conseils. J’arrive désormais à me plaisir!
Salut Mat,
J’adore l’image du cheval de steeplechase, je crois que je vais te piquer la référence pour la réutiliser à un moment ou un autre ! 😀
Merci
Merci pour vos commentaires et conseils
Salut Seb,
Penses tu qu’il soit opportun de reprendre une vieille monture pour mieux sentir les paramètres afin de s’entraîner pour progresser sur un bike plus “moderne” ? Ou au contraire, tu penses que c’est contre productif ?
Dans la même idée, est ce que rider sur des singles sans grosses difficultés avec des pneus très usés, histoire d’avoir peu de grip, pour obliger à bouger, même exagérément sur la machine pour contre balancer le manque de grip, peut aider à graver dans notre cerveau les mouvements pour devenir davantage mobile dans le “bon sens” sur un bike “moderne”? L’idée n’étant pas de taper un chrono sur le dit single, mais bien de travailler l’équilibre et la répartition des masses.
Je cherche à progresser techniquement afin de passer plus sereinement certains obstacles que je passais plus ou moins à l’arrache jusqu’a maintenant par manque de technique, voire à en franchir des nouveaux que je n’ose pas franchir aujourd’hui. Donc je cherche des exercices d’entrainement à faire en solo, et qui m’oblige à m’y plier, car je n’ai malheureusement personne dans mes connaissances susceptible de me conseiller ou corriger dans ce domaine.
Salut Lolo,
Je penche plutôt du côté contre-productif. Il faut voir ce que tu appelles vieille monture, mais les géos sont très différentes d’il y a 8-10 ans, on ne roule plus pareil. Dans un sens c’est même l’inverse qui tendrait à être vrai : les vélos actuels sont globalement plus patauds et demandent plus d’engagement tant physique que technique pour les faire bouger, alors qu’un AM moyen de dix ans se plie en quatre d’un coup de guidon. On peut toutefois prendre le contre-pied de cet argument qui a le plus de valeur dans le serré en arguant qu’à vitesse sur terrains exigeants rouler un vélo de dix ans d’âge peut vite se transformer en rodéo qui demande plus de technique que se laisser aller sur un foudre de guerre actuel.
Pour revenir sur l’exemple des pneus que tu donnes, mieux vaut avoir une paire de pneus décents qui va te permettre de travailler sur l’angle, prendre confiance, et de plus en plus pencher le vélo, plutôt que des savonnettes qui te permettront juste, à la rigueur, de jouer avec l’arrière du vélo et facilement déclencher des cutties.
Bref, on peut trouver des avantages à chacun, mais dans l’ensemble je pense que tu ferais mieux de rouler ton vélo actuel, qui te mettra de plus en confiance pour progresser sur les obstacles techniques.
Merci pour ton retour 😉
Bon bah, y’a pluka !
Merci pour tous ces conseils, je pense que je vais rouler moins bête, moins en force et plus efficacement avec ce genre d’entraînement.
‘vais mettre des protections pour commencer quand même…