3 techniques VTT indispensables en VTTAE
Une des seules choses positives dans ce deuxième confinement et cette maudite limite d’un kilomètre, c’est que face à l’interdiction d’aller chasser les papillons sur des terres inconnues, le retour à des boucles ultra-locales nous pousse à explorer d’autres avenues que simplement rouler pour profiter du paysage et des sentiers exotiques. Comme par exemple travailler sa technique. Ou dans mon cas, me motiver à dédier une sortie (qui a, ou n’a pas, été contenue dans la limite réglementaire d’une heure) à la prise de quelques clichés, pour votre plus grand plaisir.
Nous allons donc aujourd’hui revenir sur trois techniques applicables tant en VTT qu’en VTTAE mais qui prennent encore plus de sens sur une bicyclette nucléaire. Les deux premières concernent la montée (ce truc dont on ne parle jamais sur Glisse Alpine) et sont des bases indispensables, la dernière a trait à la descente mais est un peu plus avancée.
Je sais, vous ne trouverez dans cet article aucun des sujets pour lesquels j’ai déjà eu des demandes, et pour cela vous pouvez entièrement vous en prendre à l’ouverture partielle du bikepark de l’Alpe en septembre qui a condamné ma journée dédiée à la prise d’images pour un article qui les aurait rassemblé. Nah !
Répartir son poids en montée
Cette première technique qui constitue donc une base du VTT prend encore plus de sens en électrique, où il est littéralement possible de grimper aux arbres avec le couple de tracteur à sa disposition. La limite est souvent dans la technique et une bonne répartition de son poids plus que dans le physique, ce qui fait donc de ce sujet un élément primordial.
“Dans une montée raide on cherche avant tout à maximiser la traction du pneu arrière.”
Dans une montée raide on cherche avant tout à maximiser la traction du pneu arrière afin de conserver suffisamment d’accroche pour avancer. Mais plus le gradient va augmenter, plus la roue avant va avoir tendance à décoller du sol, et il va donc falloir également lutter pour la conserver au contact du terrain, en perdant le moins de traction possible.
La position de base est donc de rester assis sur la selle, avec la possibilité d’avancer sur celle-ci jusqu’au bec de selle. Le haut du corps descend plus proche du cintre pour garder suffisamment de poids sur la roue avant.
Cette position n’est pas figée, c’est une adaptation permanente à opérer en fonction du terrain, du niveau de grip à sa disposition et des obstacles qui vont avoir tendance à surélever la roue avant.
Evidemment un article ne peut obtenir le Glisse Alpine Seal of Quality sans un petit schéma, et je vous propose donc de nous appuyer sur celui ci-dessous pour analyser cette position.
En rouge on a l’angle de la pente et sa perpendiculaire, rien de très exceptionnel. Chaque droite verticale représente, de manière très simplifiée (on se concentre par exemple uniquement sur le bonhomme), la verticale du centre de gravité du rideur.
“Ce point de bascule théorique est également celui où l’on obtient une répartition maximale du poids sur la roue arrière.”
La droite bleue représente celle au-delà de laquelle le vélo bascule en arrière si le rideur est à l’arrêt et n’exerce aucune force sur les pédales. Pour faire très simple, si mon poids est en avant d’une droite verticale qui passe par le point de contact du pneu avec le sol, tout va bien. S’il passe en arrière de cette verticale, l’avant se lève et je bascule en arrière. Cette droite est intéressante parce que ce point de bascule théorique est également celui où l’on obtient une répartition maximale du poids sur la roue arrière, et donc un grip optimal pour ce pneu. Grâce au schéma il est facile de visualiser le fait que si la pente augmente, le point de contact avance, et cette verticale en fait de même.
La droite jaune représente la verticale du centre de gravité du rideur dans une position classique, comme s’il roulait sur le plat, assis normalement sur la selle et bras tendus. On voit qu’elle est en arrière de la verticale bleue, ce qui montre qu’avec cette position on bascule immédiatement en arrière.
La droite verte représente la verticale du centre de gravité du rideur s’il était debout sur les pédales sans exercer de force sur le cintre. Elle passe donc par le boitier de pédalier. On remarque que cette droite est très en avant de la bleue, ce qui veut dire que le risque de partir en arrière est très faible, mais aussi que l’on s’éloigne considérablement du point de grip optimal.
“La position parfaite est un difficile équilibre.”
Enfin, il y a la droite violette. Mais qu’est donc la droite violette ? Elle correspond en fait à un point d’équilibre dynamique. Si j”ai précisé au sujet de la verticale bleue qu’elle correspondait au point d’équilibre rideur à l’arrêt, c’est parce qu’à partir du moment où vous donnez un coup de pédale, tout change ! L’aide d’un coup de pédale pour facilement lever l’avant afin de passer un obstacle ou déclencher un wheelie se transforme ici en handicap, et ce point d’équilibre se décale vers l’avant. Plus le couple et la force transmis au sol sont importants, plus il avance. Cette verticale violette symbolise ce nouveau point d’équilibre dynamique.
Vous aurez donc compris que la position parfaite est un difficile équilibre qui consiste à rester aussi proche que possible de cette verticale violette sans jamais la laisser passer devant son centre de gravité ou soit-même passer derrière. Et non, ce n’est pas exactement la même chose. Plus vous allez exercer de force sur les pédales, plus elle va se décaler en avant sans que votre position ne change, c’est pourquoi maximiser son grip et ses capacités pour gravir le pentu implique de pédaler de manière aussi régulière que possible, sans à-coup.
Le pédaler-freiner
Le pédaler-freiner, ou freiner-pédaler, ou, bref, pédaler en freinant est une autre technique basique qui prend un sens particulier en VTTAE. L’accès aux montées techniques est facilité sur le plan physique, et il est possible en travaillant sa technique de gravir de longs sentiers qui nous auraient mis sur les rotules au bout de dix mètres en temps normal.
“Il faut absolument pouvoir garder cette puissance mal maîtrisée sous bride.”
Contrairement à un VTT classique et malgré les progrès considérables faits en la matière en quelques années, le problème du VTTAE est que l’assistance délivrée par le moteur reste difficile à jauger dans les parties à basse vitesse où le terrain varie constamment et où la fréquence de pédalage passe de 90tr/min à un presque arrêt avant de repartir de plus belle. Ce problème est exacerbé par l’emploi de tout petits braquets dans le pentu, et il faut absolument pouvoir garder cette puissance mal maîtrisée sous bride, sous peine de se laisser entraîner par le vélo, rarement là où l’on veut aller.
Le pédaler-freiner est donc indispensable.
Cette technique toute simple consiste à garder les freins engagés pendant qu’on pédale, afin de retirer au vélo la possibilité de continuer sur son élan en roue libre (ou entraîné par un moteur peu réactif qui pousse en retard), un peu justement comme si on supprimait la roue libre pour toujours pouvoir contrôler son avancée comme sur un fixie.
Vous pouvez vous entraîner un peu n’importe où pour développer cette technique, tant sur un terrain banal pour ressentir le vélo qu’ensuite sur des montées techniques pour mettre vos capacités à l’épreuve. Commencez par garder un peu de frein arrière pour sentir le besoin de pédaler avec une certaine force pour avancer, puis n’hésitez pas à jouer du frein avant dans les passages plus techniques quand c’est nécessaire, en mettant l’accent sur le dosage de celui-ci pour ne pas vous arrêter net et devoir mettre pied à terre.
Rider en souplesse pour ne pas se laisser embarquer
On pointe maintenant le nez du vélo vers le bas pour entrer dans des considérations techniques un chouilla plus avancées.
Le point négatif majeur du VTTAE en termes de comportement réside dans son poids élevé. Ce fut pendant des années un frein majeur, rendant les vélos patauds avec parfois des comportements pas très sains. Ce problème a maintenant été résolu par l’évolution des géométries, et il a été transformé en un avantage substantiel : une stabilité et une conservation de la vitesse impressionnants dans certaines situations.
Pourtant, l’embonpoint n’a pas disparu et il continue de peser (see what I did there?) sur le comportement des vélos. La roue arrière se retrouve plus plantée, avec plus de grip et plus de stabilité latérale. En revanche, si ce grip latéral est dépassé, les dix kilos supplémentaires peuvent embarquer cette roue arrière dans un long dérapage à plat violent là où il aurait été rapidement stoppé sur un VTT classique.
“[Il faut] accepter de laisser vivre le vélo plutôt que se figer dès qu’il semble nous pousser à la faute.”
C’est donc peut-être le dernier point traître qui peut surprendre quand on passe de l’un à l’autre, et c’est une excellente occasion mettre le doigt sur la nécessite de rester souple et accepter de laisser vivre le vélo plutôt que se figer dès qu’il semble nous pousser à la faute. Il faut être prêt à le laisser se dérober et l’accompagner pour reprendre du grip et remettre les deux roues dans l’axe du single. Cela implique une dissociation des épaules et des hanches, et un des meilleurs exercices pour la ressentir est peut-être de s’entraîner aux cuties, chose qui en VTTAE n’est pas des plus aisées il faut l’avouer.
Beaucoup d’erreurs s’auto-corrigent si on laisse le vélo se replacer librement, et c’est le cas ici. Tant que la roue avant reste plantée dans l’axe de la piste, l’arrière va revenir de lui-même dans le rang tant qu’on accepte d’être soit-même désaxé pendant le bref moment nécessaire au rétablissement.
Pour résumer, on en revient à un point important : le vélo est un outil sur lequel s’appuyer pour changer de direction ou absorber en partie le terrain, et il ne faut jamais devenir son passager. Vous pouvez voir ce syndrome du passager comme un patineur sur la glace qui resterait droit comme un i dans ses évolutions (bref, un débutant qui apprend à patiner, à skier, ou à faire du VTT). C’est votre position dans l’espace, votre attitude et votre positionnement de l’outil, ici le vélo, de manière dynamique, qui vont vous permettre d’évoluer avec facilité et apporter les corrections nécessaires de façon organique.
Le mot de la fin
J’espère que ce court point technique sera utile à au moins une partie d’entre vous. Puisque c’est bien connu, selon certains le VTT électrique est la porte ouverte à des pratiquants novices qui vont par vagues entières se tuer en montagne par manque d’expérience, il fallait bien que je place ma petite contribution pour un monde meilleur, vous en conviendrez.
Pour les autres, rendez-vous l’été prochain pour un article sur le freinage, le franchissement de pentes du style “chéri(e), quand je regarde vers le bas je vois plus le terrain” et autres joyeusetés qui parleront plus aux rideurs de niveau intermédiaire.
Pour aller plus loin :
- VTT – 5+1 (bien vu, ça fait 6) techniques pour descendre en toute confiance
- VTT – Apprendre à franchir les drops
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Quoii? L’été prochain les prochains articles ? Tu les as tellement bien vendu je peu pas attendre
Salut Thieb,
Ha, C’est pour faire monter l’anticipation !